Algeria



«Nous voulons travailler pour l’image de l’Algérie et d’Oran»

Nasro Toui a été pendant de nombreuses années l’organisateur principal du festival du raï à Oran. L’association qu’il présidait à l’époque n’existe plus, mais il est aujourd’hui membre d’une nouvelle association dénommée AACPPMO (Ass
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«Nous voulons travailler pour l’image de l’Algérie et d’Oran»

Nasro Toui a été pendant de nombreuses années l’organisateur principal du festival du raï à Oran. L’association qu’il présidait à l’époque n’existe plus, mais il est aujourd’hui membre d’une nouvelle association dénommée AACPPMO (Association art-culture et protection du patrimoine musical oranais). Il revient dans cet entretien sur les détails d’un futur projet prévu début août et devant célébrer l’anniversaire du raï. Vous venez d’annoncer un projet consistant à célébrer un anniversaire du raï. Qu’en est-il exactement ? Nous voulons célébrer les 48 ans du raï à Oran avec un événement prévu entre le 2 et le 11 août et qui sera ouvert aux musiques méditerranéennes. En plus des spectacles musicaux, nous avons prévu au programme un ensemble d’activités, dont des expositions, des tournois sportifs, des animations culturelles, des démonstrations folkloriques, etc. L’événement est évidemment placé sous le signe des prochains Jeux méditerranéens prévus en 2021, et c’est pour nous une occasion de contribuer à la mobilisation des citoyens pour la réussite de ces joutes. Nous avons à l’heure actuelle une trentaine de troupes étrangères qui ont confirmé leur participation. Où et comment devront se dérouler les spectacles ? Nous avons pensé à des plateaux qui retracent en quelque sorte l’histoire du raï. Un plateau dédié au genre bédoui sera suivi par un autre du style wahrani, puis du raï ancien, etc. Le gros des spectacles est prévu au théâtre de verdure, mais aussi dans différentes APC, à condition que celles-ci, notamment celles situées sur le littoral, apportent une contribution. De manière générale, nous ne demandons pas d’argent, sauf pour les sponsors, mais seulement des moyens. Exemple, pour l’hébergement, il s’agit de solliciter le ministère de l’Education et celui de l’Enseignement supérieur pour avoir 2 lycées et une cité universitaire. Il y a des associations étrangères spécialisées dans le tourisme, l’artisanat traditionnel et l’activité culturelle, qui ont confirmé leur participation. Nous voulons travailler pour l’image de l’Algérie et particulièrement celle d’Oran. Un tel événement exige des partenariats pour sa réussite. Comment comptez-vous vous y prendre ? L’événement est prévu pour être clôturé par un grand concert non-stop prévu au stade du 19 Juin. L’accord de principe de la DJS est essentiel, mais nous allons regrouper des associations de toute l’Algérie. Il s’agit aussi de solliciter la SNTF pour des réductions sur les billets de train, afin de permettre à un plus grand nombre de gens d’assister à cet événement. Rien n’est définitivement acquis, mais nous avons fait les démarches nécessaires. Nous sommes conscients des problèmes qui peuvent se poser. Nous allons demander au wali de parrainer cet événement au même titre que nous allons solliciter plusieurs ministères, dont principalement celui de la Culture, mais aussi celui du Tourisme, ainsi que celui de la Jeunesse et des Sports. Les spectacles sont prévus pour être payants et c’est là une manière pour nous de financer le projet. Ceci sans parler des autres initiatives, telles que la possibilité d’organiser un Salon de l’artisanat ou des rencontres autour des plats culinaires populaires, comme la «karantika», le «baghrir», le «msamman», etc. Il est aussi question de commander une kheïma (tente traditionnelle) de Djelfa et une autre de Khenchela et c’est surtout pour nous une occasion d’offrir aux visiteurs une vision globale des richesses de notre pays. L’événement se rapportant au raï, Comment avez-vous sélectionné les troupes étrangères ? Pour le Maroc et la Tunisie, il existe un fonds commun, mais les autres musiques sont choisies en fonction des rythmes, et ce sont celles qui peuvent se marier avec le raï, à l’exemple du flamenco ou du genre latino. Il y a aussi du folklore basque, corse, etc. Notre souhait est que cet événement puisse contribuer à redorer l’image du raï, qui n’est pas seulement celui des cabarets. Nous avons ainsi sollicité des vedettes pour une participation sans exiger de cachets, car ils doivent bien cela à Oran. Nous leur assurons le transport et l’hébergement, et, s’ils désirent monter sur scène, ils peuvent très bien être accompagnés par des musiciens locaux, comme cela s’est fait dans le passé. Bref, ils peuvent aussi venir ne serait-ce que pour nous encourager, sans monter sur scène. C’est une animation totale, qui, j’aimerais dire, collera au passage d’une chanson qui dit en substance : Wahran el bahia fellil zahia. Ce sera aussi intéressant pour nos immigrés, qui ont contribué, à leur façon et dans une large mesure, à la diffusion du raï.  

Hommage au chanteur Ouazib Mohand Améziane

La maison de la Culture Mouloud Mammeri a abrité, du 12 au 14 mai, le 10e concours national de la chanson amazighe. Plusieurs troupes issues d’une dizaine de wilayas berbérophones étaient au rendez-vous. Initiée par l’association Tarwa Ngaya du vil
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Hommage au chanteur Ouazib Mohand Améziane

La maison de la Culture Mouloud Mammeri a abrité, du 12 au 14 mai, le 10e concours national de la chanson amazighe. Plusieurs troupes issues d’une dizaine de wilayas berbérophones étaient au rendez-vous. Initiée par l’association Tarwa Ngaya du village Réjaouna, relevant de la commune de Tizi Ouzou, cette rencontre a été mise à profit par les organisateurs pour rendre un hommage au chanteur Ouazib Mohand Améziane qui a marqué plusieurs générations à partir des années 1970. Un gala regroupant une brochette d’artistes était programmé dans l’après-midi du samedi au niveau de la grande salle de spectacles de la maison de la Culture, en présence des amis et des fans du chanteur et militant de la cause amazighe, natif de Bounaâmane, dans la région de Zekri (Tizi Ouzou). L’animation du gala était confiée à Boudjemaâ Rabah de la radio Chaîne II. Ouazib Mohand Améziane, qui s’apprête à fêter ses quarante ans de carrière dans la chanson kabyle, a annoncé qu’il prépare deux albums qui sortiront sur le marché fin juin prochain. Depuis ses débuts dans la chanson dans les années 1970, Ouazib Mohand Améziane a un répertoire fort de près 400 chansons, où plusieurs thèmes sont abordés, tels que la fraternité, l’amour, la femme, l’union, la solidarité, la Kabylie et l’Algérie. En 1986, il avait interprété une belle chanson en duo avec Matoub Lounès, avec lequel il avait toujours entretenu de très bonnes relations amicales et artistiques.  

A Constantine, Mourad Chetti ressuscite Massinissa

Notre histoire passionne, et le moindre éclairage de plus n’est jamais de trop. A la libraire Media Plus, à Constantine, le passage de Mourad Chetti, auteur de Berbères, le pays des Massylès, publié chez Casbah Editions, a été un événement, l’
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A Constantine, Mourad Chetti ressuscite Massinissa

Notre histoire passionne, et le moindre éclairage de plus n’est jamais de trop. A la libraire Media Plus, à Constantine, le passage de Mourad Chetti, auteur de Berbères, le pays des Massylès, publié chez Casbah Editions, a été un événement, l’occasion en tout cas de confirmer ce vif intérêt. La foule venue assister en ce jour de semaine à la rencontre avec l’auteur a brillé aussi par la qualité des débats. Il faut dire que Chetti ne laisse pas indifférent. Sur la Numidie, domaine de ses recherches, le personnage assume l’originalité de ses positions. Son œuvre ne consacre pas, en effet, les idées admises, elle les questionne. Un point de vue qui risque de choquer les ultras de l’identité et ses constantes «sacrées». Se disant libre du poids des certitudes, l’auteur affirme, cependant, la subjectivité de son travail et se démarque de toute prétention de réécriture de l’histoire. Mourad Chetti, le Colliote, et après avoir étudié et ensuite enseigné la civilisation à l’université de Constantine, est parti à Paris pour approfondir et élargir son champ d’investigation, et enfin occuper une chaire universitaire dans le domaine du commerce international et la communication. Très attaché à son pays, l’Algérie, sa passion, l’histoire de la Numidie a fini par se transformer en projet d’écriture, incarné dans cette saga de six volumes qu’il compte publier et dont le premier opus est l’objet de cette première rencontre dans l’ancienne Cirta. Le public n’étant pas acquis d’avance, le débat est sans complaisance. Le jeu des questions/réponses aborde tout, à commencer par le titre de l’ouvrage : «Pourquoi Berbères et non pas Amazighs ?» s’élève une voix du public. «J’ai employé ce terme sans déterminant, je suis spécialiste en communication et j’ai dû employer la méthode AIDA (attirer l’Attention, susciter l’Intérêt, provoquer le Désir, pour que les clients passent à l’Acte et achètent). Mon titre est ‘‘racoleur’’ et c’est fait exprès. Comme c’est de l’histoire romancée, je me suis autorisé cette légèreté, sans prétention intellectuelle.» Le décor est planté. Chetti entend raconter l’histoire de Massinissa avec une vision inédite. «C’est une chronique romancée et non pas un roman. Le lecteur peut suivre les faits historiques, avec en plus des personnages de fiction, fruit de mon imagination. Il fallait juste inventer des personnages vivants autour du factuel, et que ce soit au goût du jour. En vérité, la vie de Massinissa est extraordinaire, faite d’amour, de trahisons, de luttes de pouvoir, de guerres, tous les ingrédients sont là, je n’avais pas besoin d’inventer.» Proposant une relecture du personnage de Massinissa, soumis selon lui à des critiques infondées, Chetti offre, à la manière de Christian Jack, une «vulgarisation» de ce pan important de l’histoire de l’Afrique du Nord. La tradition orale a constitué le creuset de sa passion et motivé tant d’efforts pour rassembler le fonds dans lequel il puise son inspiration. Sa motivation découle aussi d’un désir de vérité face à des formes de «trahisons» qui déforment aujourd’hui notre perception de cette histoire au centre de l’enjeu identitaire. «L’objectif, c’est de décoloniser notre histoire», explique l’auteur. Une décolonisation qui fait fi de la vision du vainqueur imprégnant l’Histoire, telle que racontée par les historiens romains. Une décolonisation aussi face aux fantasmes manifestés «en France où il y a une espèce de condescendance de la part de personnes devenues françaises à partir du décret de 1873 et qui parlent en notre nom et puisent dans notre patrimoine», ou encore face à «un mouvement politique qui aujourd’hui veut s’accaparer la révolte identitaire.» L’invasion des Massylès sera l’objet du second opus.  

Un pilier du théâtre tire sa révérence

Le monde de la culture algérienne est de nouveau en deuil. Sonia, l’une des icônes du 4e art, a tiré sa révérence, dimanche soir, à l’âge de 65 ans, suite à une longue maladie. Elle a été inhumée, hier, au cimetière de Dély Ibrahim, à Alger
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Un pilier du théâtre tire sa révérence

Le monde de la culture algérienne est de nouveau en deuil. Sonia, l’une des icônes du 4e art, a tiré sa révérence, dimanche soir, à l’âge de 65 ans, suite à une longue maladie. Elle a été inhumée, hier, au cimetière de Dély Ibrahim, à Alger, en présence d’une foule nombreuse. Difficile de croire à la disparition brutale de cette dame hors pair qui a porté toute sa vie le théâtre algérien dans son cœur et l’a hissé au firmament de sa gloire. Elle a joué dans de grands classiques du théâtre. Son jeu de scène était des plus exceptionnels et sa présence était des plus élégantes. Avec le talent et la modestie qu’on lui connaissait, Sonia savait toucher la fibre du spectateur et le charmer. Cumulant une carrière riche de quarante ans, l’artiste a laissé des empreintes indélébiles pour la postérité. Nullement avare en conseils en direction de la jeune relève algérienne, Sonia se plaisait à lui prodiguer de précieuses recommandations pour le bon déroulement de leurs parcours. Sonia, Sakina Mekkiou de son vrai nom, a débuté sa carrière de comédienne à l’âge de 17 ans. Diplômée de l’Institut national d’art dramatique de Bordj El Kiffan en 1973, membre fondateur de la légendaire troupe «Masrah El Kalaâ», la défunte a joué dans une cinquantaine de pièces théâtrales dont, entre autres, Galou Lâareb Galou, Babor Ghreq et le monodrame Fatma. Elle a évolué aux côtés d’autres monstres de sa génération, à l’image de Azzedine Medjoubi, Abdelkader Alloula, Ziani Cherif Ayad, M’hammed Benguettaf et Tayeb Seddiki. Elle a produit des pièces phares telles que Hadhrya Wel Hawess, Sarkha ou encore Sans titres. La regrettée avait occupé le poste de directrice de l’ISMAS de 2001 à 2004 et des deux Théâtres régionaux de Annaba et de Skikda. Elle était également animatrice du théâtre de l’oref de 2005 à 2006. Elle avait pris sa retraite en 2015 pour mieux se consacrer à ses projets d’écriture et cinématographiques. Sa dernière prestation en tant que comédienne remonte à 2017, dans le film En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui. Sonia laisse derrière elle une famille, des amis et un public éplorés. Certains de ses amis de cœur ont tenu à raconter par fragments la vie de cette comédienne intense, connue dans le théâtre contemporain algérien. Pour la dramaturge Nadjet Taïbouni, Sonia était d’une grande générosité et une femme amoureuse du théâtre. «Elle encouragerait les jeunes. Elle était d’une modestie contagieuse. Je lui dois mon amour au père des arts. Ma plume lui est reconnaissante. C’était une humaniste exemplaire et nationaliste hors pair. J’ai mal... Elle n’aimait pas le vide... Elle nous laisse un vide lourd à surmonter», témoigne-t-elle avec beaucoup de tristesse. De son côté, la comédienne Linda Sellam nous confie d’une voix étranglée par le chagrin que Sonia était un grande dame. Une actrice hors pair et une sœur sincère. «C’était, dit-elle, une femme publique très respectée et aimée par son public. L’Algérie a perdu un pilier important». Aussi élogieux sur les qualités de l’artiste, le scénographe Boukhari Habat se rappelle que quand il a commencé à travailler avec elle il y a 18 ans, elle était comédienne dans les Saltimbanques avec Rachid Farès. «J’ai fait la plupart des travaux avec elle, dont entre autres El Djamilette, Yamna, Les martyrs reviennent cette semaine, Le langage des mères. Le dernier spectacle que j’ai fait avec elle est  Hadda y a Hadda. Sonia était une femme et une sœur que j’adorais. Le théâtre algérien s’est effondré avec sa disparition.» Abondant dans le même sens, la dramaturge Hamida Aït El Hadj estime qu’il y a eu plusieurs moments forts dans la carrière de Sonia. «Elle a géré l’ISMAS d’une main de maître. Elle a créé une ouverture. Elle a essayé de créer un lien familial entre les étudiants et les professeurs. Sur le plan pédagogique, il y a eu aussi des avancées. Quand elle a été commissaire du Festival du théâtre au féminin, j’ai vu l’engagement de la femme et de l’artiste par rapport aux problèmes de la femme arabe dans le monde. On sentait son engagement. Il y a eu aussi l’évolution d’une comédienne de l’INADC et son devenir en tant que metteur en scène. Il y a eu une évolution formidable dans son style de jeu. Sonia s’est faite remarquer dans plusieurs spectacles intéressants où l’on sentait toute l’expérience de la personne. C’était une femme qui avait un grand talent. Elle avait toute une histoire et tout un bagage qui lui permettaient d’avancer», confie-t-elle.

Exposition sur les valeurs du vivre-ensemble

Cette manifestation, organisée à l'occasion de la Journée mondiale du vivre-ensemble, célébrée le 16 mai, expose 80 tableaux d'art signés par sept peintres connus au niveau national et à l'étranger et venus de six wilayas du pays, a indiqué Oussama
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Exposition sur les valeurs du vivre-ensemble

Cette manifestation, organisée à l'occasion de la Journée mondiale du vivre-ensemble, célébrée le 16 mai, expose 80 tableaux d'art signés par sept peintres connus au niveau national et à l'étranger et venus de six wilayas du pays, a indiqué Oussama Bouchama, membre de la section d'Oran de la fondation Djanatu El Arif, initiatrice de cet événement culturel. Ces œuvres traitent de paysages et de sites naturels, de villes et du patrimoine algériens, de drames de certains peuples en quête de paix, de maux sociaux, dont la violence, le racisme, l'immigration clandestine, des souffrances causées par les guerres, de pauvreté et de famine. Ces thématiques sont traitées dans les tableaux d'artistes plasticiens comme ceux de d'Oran, Guergour Abdelhak, de Sétif, et Toufik Lebcir, de Bou Saâda (M'sila), qui tentent, à travers ces œuvres, de véhiculer un message de paix. Dans ce cadre, l'artiste plasticien Toufik Lebcir a déclaré, à l'APS : «Je tente à travers mon œuvre de diffuser des valeurs de paix et d'acceptation de l'Autre quelle que soient sa religion, sa couleur ou son appartenance«, ajoutant que »l'artiste de nature est pacifique». Pour sa part, l'écrivain Nouar Yacine, qui a présenté des romans et récits dont Kef Errih, Rajoul El Asr et Thalatate ayam, abordant des modèles, faits et valeurs de la paix et du vivre-ensemble et dénonçant les crimes et la violence, a souligné : «Il n'y a pas de vainqueur ni de vaincu, car nous vivons dans une seule planète qui peut contenir tout le monde et que l'homme peut vivre avec son prochain dans la paix partageant cette culture». L'exposition se poursuivra jusqu'à lundi prochain et sera clôturée en apothéose avec une soirée artistique le 15 mai au théâtre régional Abdelkader Alloula d'Oran, a indiqué le membre de la fondation Djanatu El Arif, dont le siège est basé à Mostaganem.

La part du lion à la production nationale

La grille spéciale Ramadhan 2018 a été élaborée en tenant compte des exigences du cahier des charges et des goûts de l’ensemble des téléspectateurs des cinq chaînes de la Télévision nationale, avec une focalisation sur la qualité et la diversit
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La part du lion à la production nationale

La grille spéciale Ramadhan 2018 a été élaborée en tenant compte des exigences du cahier des charges et des goûts de l’ensemble des téléspectateurs des cinq chaînes de la Télévision nationale, avec une focalisation sur la qualité et la diversité. Cette grille des programmes a été présentée par le directeur général de l’ENTV, Tewfik Khelladi, hier matin, lors d’un point de presse tenu au niveau de l’établissement de la Télévision publique à Alger. Le conférencier a indiqué que les deux principes qui ont inspiré la conception des programmes des cinq chaînes du groupe de l’EPTV sont identité et frugalité.  D’un autre côté, il précise que le groupe de l’EPTV, «en dépit de l’inflation et de la surenchère qui caractérisent le marché de la production audiovisuelle nationale, veille à appliquer les instructions du gouvernement de rationalisation de l’utilisation des ressources de l’établissement en maîtrisant les budgets de production à des niveaux raisonnables et en recourant aux apports externes de sponsoring». Et d’ajouter : «La production nationale, aussi bien interne qu’externe, sera privilégiée, et le moratoire sur les achats de programmes étrangers est reconduit pour la troisième année consécutive, ce qui se traduira par des taux d’intégration avoisinant les 100 %, voire carrément les 100 %, sur les chaînes Canal Algérie et Tamazight.» Le gel des achats de programmes étrangers depuis trois ans a fait que seulement 25 milliards de dinars ont été réservés à la préparation des programmes du Ramadhan 2018. C’est du moins ce qu’a soutenu Tewfik Khelladi, DG de l’EPTV. Ainsi, les téléspectateurs pourront aller à la découverte de dix-huit programmes de fiction de différents formats, dont dix sur le mode de la production exécutive, notamment la série comique Antar Wlid Cheddad, le feuilleton Rebiha en version kabyle et la série en version chaouie Thakniouine,  et six financés par le sponsoring, dont le feuilleton Ennar El Barda et les séries comiques BabEddechra, Messy et Bnat Essi. De même que seront présentées les deux productions réalisées en interne, à savoir le feuilleton Le dernier adieu, de la station de Constantine, et la série El Mizan, de la Chaîne 5. Il est à noter que la plupart des programmes de fiction feront l’objet d’une diffusion croisée sur les différentes antennes. De même que la formule de la diffusion en commun sur la Chaîne terrestre et A3 sera maintenu dans de la tranche allant de 17h30 à 22h15. La grille ramadhenesque 2018 compte également une série de rendez-vous artistiques et culturels sur l’ensemble des chaînes, dont entre autres, Nedjma oua hilal, Noudjoum Khalida, Qahwa oua latay, Ramadhan El Kheir, Diasporama, Twahecht bladi, Entre-parenthèses, Ma télé à moi, KimetYidi, Imenza. Les amateurs d’archives seront ravis de retrouver certaines émissions à succès, à l’image de Rihet Zeman, Ils nous ont fait rire et Fen Zeman. C’est parce que le défunt artiste, El Houari — décédé le 15 avril dernier — avait l’habitude de crever l’écran pendant le Ramadhan que les responsables de la Télévision publique ont décidé de lui rendre un hommage en rediffusant les trois saisons de Boudhou. La grille comporte également de courts programmes comiques, tels que Chiche Attahaddek, Mimi Oua Abir, et des caméras cachées. La chaîne poursuivra la production de la huitième saison de Tedj El Coran et la quatrième de Hadi El Arouah, de même qu’elle assurera la retransmission de la prière des Tarawih. Le journal télévisé, pour sa part, verra des réaménagements d’horaires. Il sera programmé chaque soir à partir de 19h. Les enfants seront aussi gâtés à travers une sélection de programmes bien choisis. Ils retrouveront chaque semaine Studio Sighar, des émissions culinaires, ainsi que des dessins animés. Les stations régionales mettront la main à la pâte en offrant des émissions culturelles et de variétés, telles que Qaâdat El Habab d’Oran et Saharat El Djanoub, de Ouargla et Béchar. L’orateur annonce que le concours traditionnel de ce mois de Ramadhan sera axé sur les plus beaux villages et dechras des différentes régions du pays. L’émission «Dchour bladi» mettra en exergue trente villages de l’Algérie profonde. Le directeur général de la Télévision algérienne a rappelé que compte tenu de l’évolution des modes de consommation des produits audiovisuels, notamment chez les jeunes, une sélection des meilleurs programmes sera disponible sur le site officiel de l’Etablissement ainsi que sur Facebook et Youtube.  

La comédienne Sonia n'est plus

Le comédienne Sonia, Sakina Mekkiou de son vrai nom, est décédée dimanche à Alger à l'âge de 65 ans, des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès du directeur du Théâtre national algérien (TNA), Mohamed Yahiyaoui. Né en 1953, Sonia ava
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La comédienne Sonia n'est plus

Le comédienne Sonia, Sakina Mekkiou de son vrai nom, est décédée dimanche à Alger à l'âge de 65 ans, des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès du directeur du Théâtre national algérien (TNA), Mohamed Yahiyaoui. Né en 1953, Sonia avait fait ses premiers pas sur les planches à l'âge de 17 ans, après une formation à l'Institut supérieur des métiers des arts de la scène (Ismas) dont elle est diplômée en 1973. En quarante ans de carrière au théâtre régionale de Annaba, celui de Skikda ou encore au Théâtre national, Sonia laisse derrière elle un répertoire riche de plus de cinquante pièces de théâtre dont «Galou Lâareb Galou», Babor Ghreq« ou encore le monodrame »Fatma«. Elle a souvent collaboré avec de grand noms du théâtre algérien dont Azzedine Medjoubi, Abdelkader Alloula, Ziani Cherif Ayad, M'hammed Benguettaf ou encore Tayeb Seddiki. Sonia a été membre fondateur de Masrah El Kalâa, et a beaucoup travaillé pour garder un théâtre dynamique pendant les années de terrorisme où elle avait produit des pièces comme »Hadhrya Wel Hawess« et »Sarkha«, refusant toujours de quitter l'Algérie. Son dernier travail sur les planches remonte à 2011 avec la pièce »Sans titre« dont elle a également assuré la mise en scène avec Mustapha Ayad. Sonia avait également assuré la direction de l'Ismas ainsi que celle des théâtres régionaux d’Annaba et de Skikda. La comédienne avait pris sa retraite à la fin de l'année 2015 pour se consacrer à l'écriture mais aussi au cinéma où elle fera sa dernière apparition dans le film »En attendant les hirondelles" (2017) de Karim Moussaoui. Sonia sera inhumée lundi au cimetière de Dely Brahim à Alger.

Skikda «lamentablement» absente

Aucun artiste-peintre de la wilaya de Skikda n’a pris part au grand Salon pictural «Printemps des arts», un événement d’envergure nationale qui réunit, au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, quelque 180 artistes représentant toutes les wi
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Skikda «lamentablement» absente

Aucun artiste-peintre de la wilaya de Skikda n’a pris part au grand Salon pictural «Printemps des arts», un événement d’envergure nationale qui réunit, au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, quelque 180 artistes représentant toutes les wilayas du pays, sauf Skikda. Cette défection n’a d’ailleurs pas tardé à faire réagir un groupe d’artistes-peintres de la wilaya, qui, à travers une lettre adressée au ministre de la Culture, expriment leur déception et ont demandé à ce que des mesures soient prises «pour situer les responsabilités de chacun pour que nul artiste ne soit lésé ou touché dans sa dignité», lit-on dans cette lettre. Les signataires se demandent également pourquoi «aucun artiste-peintre de la wilaya n’a été retenu pour participer, à l’instar des autres wilayas, à ce Salon?» alors que, comme ils tiendront à le mentionner, plusieurs d’entre eux avaient pourtant postulé en soumettant leur dossier de participation au comité de sélection des candidatures «conformément au cahier des charges de l’exposition et d’autres artistes ont déposé leur dossier directement à la direction de la culture», soutiennent-ils. Dans leur lettre, les signataires ajoutent que sans avoir à polémiquer, ni à douter de la compétence du comité de sélection, ils ont tenu néanmoins à estimer qu’il est «aberrant que sur des dizaines de candidatures d’artistes-peintres issus de la wilaya de Skikda, aucune n’a été retenue». Et d’estimer par la suite que «La plupart des artistes qui ont soumis leur candidature sont des peintres chevronnés avec une longue carrière, le plus souvent récompensée par des prix et des distinctions nationales et internationales». En plus de cette lettre, quelques-uns des artistes-peintres se sont rapprochés de la direction de la culture pour s’enquérir de la situation. Ils rapportent à cet effet qu’on s’est contenté de leur répondre que des œuvres de cinq postulants locaux avaient été envoyées à la commission nationale de candidature, mais qu’aucune candidature n’avait été retenue. «On se demande qui a choisi ces œuvres et selon quels critères ? On se demande aussi si un administrateur a vraiment l’aptitude de juger des œuvres proposées», se sont-ils interrogés. Cette défection, aussi indigeste soit-elle, témoigne d’abord du niveau moribond des arts plastiques dans cette wilaya et aussi du peu d’intérêt qu’on accorde au secteur de la culture dans une wilaya restée de longs mois sans directeur… de la culture. La colère de certains artistes- peintres locaux reste compréhensible, même si chacun sait qu’à Skikda, tout le monde est artiste. On assiste même à une mainmise sur l’art pictural par de pseudo artistes, connus pour leurs «gribouillages» et qui continuent tout de même de trouver dans les relais administratifs soutiens et en-couragements, au détriment des valeurs sûres, comme Ahmed Khelili, digne héritier de Mohamed Racim. De toute façon, dans cette wilaya tout se joue au gré du régionalisme et du copinage. Même l’art n’échappe pas à cette règle. 

Le rappeur Rilès : Concert événement à Alger

Rilès est le nouveau phénomène de la musique française. Cet artiste franco-algérien, s’exprimant en anglais, a connu un succès foudroyant en quelques mois, notamment via les réseaux sociaux. Après avoir rempli le Bataclan à Paris, il s’est attaqu
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Le rappeur Rilès : Concert événement à Alger

Rilès est le nouveau phénomène de la musique française. Cet artiste franco-algérien, s’exprimant en anglais, a connu un succès foudroyant en quelques mois, notamment via les réseaux sociaux. Après avoir rempli le Bataclan à Paris, il s’est attaqué au Zénith de France. Sa tournée l’a également mené vers le Sud. Au Maroc, le Mégarama a affiché complet en quelques jours. En Tunisie, après une 1re date au succès fulgurant, les organisateurs ont du prévoir une 2e date dans une salle 3 fois plus grande... Elle aussi complète. A tout juste 22 ans, Rilès a déjà monté son propre studio d’enregistrement en parallèle de ses études d’anglais et de son activité d’auteur, compositeur et interprète. Son projet artistique, il le maîtrise ainsi de A à Z, réalisant à la fois ses sons comme ses vidéos dans un esprit DIY. On le situe à la frontière entre rap, R&B et pop, sous une palette d’influences qui s’étend de la musique kabyle de ses origines et de la capoeira, jusqu’aux mastodontes américains (Kanye West, Chance The Rapper, Timbaland…). Rilès, qui vient de signer avec un prestigieux label américain, Republic Records (1er artiste franco-algérien à signer un tel contrat), s’est lancé un nouveau défi : réaliser son concert du cœur, dans son pays d’origine : l’Algérie. Ce concert est produit par Keral Productions. Cette société et son dirigeant, le Franco-Algérien Farid Benlagha, ont déjà produit de nombreux spectacles en Algérie : notamment David Guetta, Diam’s, Stromae, et récemment les 4 shows complets à l’Opéra d’Alger : «Alger mon Humour» (avec notamment Nawell Madani). Les infos sur la billetterie seront annoncées bientôt. Vous pouvez notamment suivre toutes les infos sur : http://www.facebook.com/KeralProductions

Un spectacle dans la pure tradition du genre

Elle, c’est Tatiana Garrido, venue avec sa troupe et son spectacle éblouir le public algérien. Sa prestation restera sans doute inoubliable pour beaucoup d’amateurs qui sont venus l’applaudir, notamment au théâtre Abdelkader Alloula, à Oran. Mai
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Un spectacle dans la pure tradition du genre

Elle, c’est Tatiana Garrido, venue avec sa troupe et son spectacle éblouir le public algérien. Sa prestation restera sans doute inoubliable pour beaucoup d’amateurs qui sont venus l’applaudir, notamment au théâtre Abdelkader Alloula, à Oran. Mais comme tout spectacle de flamenco qui se respecte, il fallait aussi une bonne dose de chants et de musique, avec les percussions, mais surtout l’éternel jeu de guitare, qui reste spécifique malgré l’introduction d’un peu de fraîcheur dans les accords, ou quelques passages mélodiques, qui tendent à inscrire cette musique dans l’ère du temps. «Flamenco Intimo» (Flamenco pur) est pourtant l’intitulé du spectacle assuré en compagnie de Juan Granados, Javier Rodríguez, Lucky Vega et José Manuel Cañizares. L’ensemble allait d’ailleurs donner le «la» avec une première partie un peu spéciale, où les artistes sont munis de cannes traditionnelles pour enrichir la percussion. Aussi, comme s’il s’agissait d’une première partie, c’est le danseur Agustín Barajas qui va dans un premier temps retenir l’attention du public. Une réelle fougue anime ce jeune artiste, qui semble avoir été au bout de ses capacités pour extraire l’essence de cet art qui puise ses racines dans la culture nomade des gitans. Tout son être vibre au rythme des percussions, y compris quand il est assis sur une chaise, car la posture figée n’est qu’apparente. Son costume sombre mais inspiré de la tradition espagnole (campero) des siècles passés évoque aussi et surtout la tenue des toréadors auxquels une danse est dédiée. Les gestes typiques de cette pratique sont chorégraphiés avec une telle minutie et tellement d’entrain que les spectateurs sont comme transposés au milieu d’une arène. C’est ce danseur qui va introduire Tatiana Garrido, d’abord discrètement, puis avec un passage en duo pour marquer la transition et permettre à cette femme héritière de la tradition (transmission de mère en fille) de laisser à son tour exprimer son corps. Elle joue avec les volants de sa robe rouge, mais aussi avec son châle traditionnel, comme pour bien marquer son attachement à la tradition, accentué par une chevelure ramassée en arrière et parée de fleurs rouges. Sa gestuelle, les figures qu’elle imprime au décor, ses jeux de jambes et de talons s’exécutent avec une aisance et un naturel déconcertants. Cette aisance traduit la maîtrise de son art, mais au-delà, c’est sa volonté de transmettre des émotions qui ressort. Sans doute en tant que réelle ambassadrice du flamenco, elle dira elle-même qu’il n’est «nul besoin de comprendre la langue pour apprécier le flamenco, car le lien s’établit de cœur à cœur». La synchronisation avec les musiciens est parfaite, avec des encouragements de part et d’autre pour aller de plus en plus loin. Alors que la guitare est tantôt mélodique tantôt rythmique, le chant, lui, est toujours fort issu du plus profond du corps. Pour le public qui apprécie mais qui en général ignore les codes, les arrêts sont souvent trompeurs et les applaudissements spontanés ne semblent pas avoir perturbé les artistes. La dernière séquence du spectacle est bouleversante.

Saignement de la mémoire d’un mûrier déraciné et véreux

L’écrivain majeur Rachid Boudjedra nous affuble dans son dernier roman, intitulé La Dépossession, d’une œuvre littéraire fidèle à sa virulence connue et reconnue, à sa pertinence époustouflante, et à son érudition incontestable. Il nous possèd
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Saignement de la mémoire d’un mûrier déraciné et véreux

L’écrivain majeur Rachid Boudjedra nous affuble dans son dernier roman, intitulé La Dépossession, d’une œuvre littéraire fidèle à sa virulence connue et reconnue, à sa pertinence époustouflante, et à son érudition incontestable. Il nous possède dès l’entame de la lecture de cette fiction mature, telles les mûres de son jardin. «Mûrier, raccourci du monde cosmique», écrit-il plus loin. «Mon enfance puis mon adolescence n'ont été que malheur et désastre.» Le narrateur, portant le diminutif de «Rac», Rachid ? évoque des «souvenirs cognant contre ses tempes», est hanté par un passé lézardé, fougueux, voire libertin. Rac, l’obèse dès l'âge de quinze ans, concomitamment à la mort de son frère médecin à Londres, homosexuel de rumeur. Au lycée franco-musulman constantinois, il portait le sobriquet de Botty-Boffy. Calé en maths, tout de même. Rac, devenu adulte, partageant un atelier d'architecture avec son ami d'enfance, Kamel, vécut obnubilé par les deux toiles de l’Irakien El Wacity (1132-1192), et de l’impressionniste français Albert Marquet (1875-1947), l’homme «aux yeux bigles et au pied bot». Deux beaux tableaux peints à sept siècles d'intervalle. Le premier, immortalise la prise d'Andalousie par Tarik Ibn Ziyad le Berbère, en l’an 711, et le deuxième, exhibe La Mosquée de la Place du Gouvernement. Boudjedra ne se mêle, d’ailleurs, jamais les pinceaux en décrivant minutieusement les deux toiles, faisant des décryptages prestes. Les deux architectes, Rac et Kamel, assistent, impuissants, à l'enlaidissement architectural de la capitale. Comme cette villa, «Djenane Sidi Saïd», ayant appartenu à l’artiste bordelais Albert Marquet, installé depuis 1927 jusqu’à sa mort à Alger, puis héritée par sa veuve Marcelle qui, en tirant sa révérence en 1971, offrit le joyau majestueux brassant la féerique baie d'Alger au ministère de la Culture, dans le but de la transformer en un musée des Beaux-Arts. Mais c’était sans compter sur la voracité d'un haut fonctionnaire bureaucrate, corrompu, perfide, inculte, fade, qui «déposséda» le vœu de sa vocation primaire, et se l'accapara sans scrupules. Bâtisse vite déparée par les modifications anarchiques apportées. Le giron d’enfance de Rac, juché sur les rochers de l’antique Cirta, revient avec redondance dans le roman. «Maison familiale exhalait un subtil et pénétrant parfum de tissus neufs, d'abricots séchés, de fruits mûrs et d'huile à graisser les machines à coudre. Ma mère en possédait toute une panoplie...». Rac, devenu svelte à l’âge adulte, se remémore de la surcharge lipidique, qui n'est qu’un mauvais souvenir d'enfance et d'adolescence. Il était marié à Céline, fille d'un colon richissime, raciste, arrogant et antisémite, en sus. Elle refusa même l'héritage de son père et resta en Algérie après l'independance. Rac l'avait déflorée à l'aube de son départ au maquis, en 1957. Une balle perdue d'un frère d'armes écourta pourtant son séjour de résistance. Rac n’épargne pas Céline, la trouvant une épouse «tenace, entêtée, et boudeuse… et une catastrophe d’une timidité maladive.» Boudjedra peint des tableaux diamétralement opposés pour ses personnages, charriant émotions et frasques, contradictions et mystères, humilité et abdication. Comme ce père de Rac, Si Hocine : volage, cossu, polygame, extravagant, cruel, absent, pigeon voyageur, incroyable cueilleur d'orphelins de toutes les contrées. «Douleur lancinante», dixit l’auteur septuagénaire. «Prolégomènes d’Ibn Khaldoun, ça se lit comme un roman !», affirme-il à son fils Rac, dubitatif. Ou cette mère résignée, inénarrable, accusée d'adultère par son mari, à tort d'ailleurs. Décédée en 1964, dont l'odeur du camphre restera imprégnée à jamais dans les narines de son fils. Sa mère avait été mariée à treize ans, délaissée ensuite par son père «tricheur» depuis la naissance de Rac. L'odeur de sa mort ne l'a jamais quitté. Eteinte malheureuse, cruellement accusée et meurtrie par le suicide de son fils aîné. Rac se rappelle de sa grand-mère, matriarcale, autoritaire, qui mourut toute parée de ses beaux bijoux, se prenant même en photo, comme si elle allait à une fête de mariage et non glissant dans une tombe obscure, certainement pas festive. Rac n’oubliera jamais sa tante Fatma, qu’il vit découper en deux parties par le tramway de Constantine, alors qu’il était âgé de six ans ; ce qui le contusionnait, c’étaient ces mioches qui, profitant de l’agonie de sa tante, subtilisèrent ses beignets de sous les wagons ensanglantés. Ou encore, Si Madjid, l'encadreur des toiles d’Albert Marquet, habitant la légendaire Casbah d'Alger, dont les maisons s'entassent comme un cône de pin salé par l’eau de mer. Aussi, Zora, la demi-sœur de Rac, fille d'un chef de tribu déchu, s'étant suicidée, ramenée par son père Si Hocine. Mariée plus tard à un pied-noir. Boudjedra capitalise ses lectures universelles et investit, par intertextualité interposée, les œuvres de William Faulkner (The Sound and Fury) et James Joyes (Ulysses). A bon escient d'ailleurs. Rac tenta de commettre l'inceste avec Zora, comme fit Caddie, sœur de Benjy l'obèse, envers son frère cadet, Quentin. Rac associe sa tante Fatma à la négresse Delsy, lui-même dans la peau de Benjy le gros ! Rac aimait son oncle Ismaïl et Jacob Timsit de confession juive (morts tous les deux en l'an 2000). C'est dans leur atelier de d’expert-comptabilité que Rac, élève puis lycéen, passait ses trois mois de vacances d'été à Alger, loin des gorges suffocantes de Constantine. Les murs embellis de ces deux tableaux mirifiques, qui l'envoûtaient depuis toujours. M. Timsit subit les affres/pogromes d’internement du régime pétainiste (comme des milliers de juifs d’Algérie coloniale), à Lodo, dans l’ouest algérien, où il fit la connaissance d’Ismaël, jeune militaire du contingent. Rachid Boudjedra excelle à peindre cette Algérie déchirée par la guerre de Révolution. Le verbe de Boudjedra dynamite, virevolte, lacère, embrase, charcute, cisaille, sabre, élague, équarrit, déroute, agace, noue et dénoue, fait l'éloge, et décruste la mémoire kafkaïenne ; tandis que l'épithète percute, crève l'abcès, adoube, dénude la réalité, cloue le bec aux charlatans et sculpte les personnages et les paysages d’une plume immanquablement troposphérique. L'auteur de Les Figuiers de Barbarie nous ébahit par son obsession de bien préciser les différents effluves et couleurs. Pouvoir olfactif fascinant. Lire Boudjedra implique, donc, les cinq sens ; point de brèches descriptives et psychologiques. Faut-il supposer que le narrateur héros, Rac, ne serait en fin de compte que l'auteur lui-même, puisqu'il cite son âge (six ans) à la mort du peintre Albert Marquet en 1947 ? (Rachid Boudjedra naquit en 1941, à Aïn El Beïda). Doublure narrative ? L’auteur de L’Hôtel Saint-Georges nous éclaire-t-il la lucarne en citant : «Quant à moi, je n’avais donc rien compris à ce fatras familier, ni à mon surnom que chacun prononçait à sa guise, d’une façon si brève et si courte ; ‘‘Rac’’ comme une sorte de négation de moi-même». Rac, cet obsédé par les «photographies hallucinantes, inoubliables, qui ont pourri ma vie autant que l’obésité et autant que l’absence de mon pédé de frère aîné. Photos que je trimballe partout avec moi.» La mémoire de La Dépossession saigne à sec, décharge ses fardeaux coloniaux, et hachure les souvenirs familiaux, prenant à témoin un mûrier centenaire, sous la menace des vers à soie qui en raffolent de ses feuilles. Boudjedra a étalé toute sa prose intarissable, poignante et impérieuse. Roman : La Dépossession (Editions Frantz Fanon/Grasset, 2017. Auteur : Rachid Boudjedra   Belkacem Meghzouchene Romancier  

Leila Guertal : Une nouvelle vie pour les paniers algériens

C’est autour d’un thé et de gâteaux finement confectionnés que Leila Guertal a organisé, samedi dernier, une exposition-vente de paniers customisés. Elle donne rendez-vous au 15e jour du mois de Ramadhan pour une nouvelle expo mais surtout une nouvel
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Leila Guertal : Une nouvelle vie pour les paniers algériens

C’est autour d’un thé et de gâteaux finement confectionnés que Leila Guertal a organisé, samedi dernier, une exposition-vente de paniers customisés. Elle donne rendez-vous au 15e jour du mois de Ramadhan pour une nouvelle expo mais surtout une nouvelle collection spéciale Ramadhan et un peu plus tard «plage». Rencontre avec l’artiste. Elle éteint son microphone, pose son stylo... une journaliste qui switche et balance vers une aiguille, du fil, de la colle, du ruban et des perles… Et elle le fait avec amour et plaisir. Elle revit son rêve et fait revivre en même temps le couffin algérien laissé de côté depuis des années. Elle s’appelle Leila Guertal. Elle confectionne des sacs, des paniers sous forme de couffins traditionnels. Pour les fidèles de la radio, une voix connue sous le nom de Leila Belkacem pour la rubrique internationale depuis 1996, intégrée peu de temps après avoir décroché un diplôme de littérature française à l’université d’Alger. Aujourd’hui, elle choisi de passer au travail manuel, artisanal et passionnant. Elle ne signe plus ses papiers, mais ses... paniers. Un travail d’amour et de plaisir. «Quelque chose était enfoui en moi depuis des années. C’était l’art. J’avais cette impression qu’il y avait un appel qui me disait fais quelque chose». Chez elle à Kouba, elle garde le même amour envers le métier mais cette fois-ci, le stress cède sa place à la sérénité. «J’avais envie de revivre mon rêve que j’ai toujours caché. Un rêve, lorsqu’on le vit pas, on l’oublie. Par peur de perdre cet amour pour l’artisanat, le travail manuel, j’ai décidé de décrocher de la radio». En janvier dernier, la retraite proportionnelle lui a été officiellement notifiée. Même si elle garde encore dans le sang le journalisme, elle affiche une satisfaction, le bien- être et surtout la conviction de ce qu’elle vient de choisir. «J’adore ce travail. C’est une sorte de yoga. Je ne suis pas senti un moment dans le regret. Si j’avais pris cette décision il y a quelques années, j’aurais peut-être regretté. Il y avait en fait un sentiment d’inachevé pour la radio, mais aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir bouclé la page.» Touche Dans un espace,spécialement aménagé chez elle, elle se donne le temps, la patience et la concentration pour confectionner un panier signé Leila. Pour ses clientes, c’est vrai qu’elles doivent exprimer leur goût, ce qu’elles désirent, mais le dernier mot, la dernière touche lui revient exclusivement. Un peu du sur-mesure mais à sa manière. «Elles ne peuvent pas me bloquer dans une idée mais elles me donnent la tendance.»«Je suis toujours pressée d’aller vers le panier, l’habiller, l’étoffer et ce qui est bien, c’est que je ne vois pas le temps passer. Je suis encore plus pressée de voir le résultat final.» Leila peut consacrer deux heures à un panier comme elle peut rester deux jours. Il y a toujours ce sentiment de savourer l’œuvre finale. Une satisfaction absolue. Rien n’est particulièrement préparé ou programmé à l’avance. Souvent des coup de foudre pour des tissus ou des paniers qu’elle voit dans les magasins. Parfois, elle se laisse bercer par les paniers exposés. «Rarement c’est l’effet de surprise. C’est au fur à mesure que je décide du modèle. Je commence un modèle mais c’est en chemin que je change d’idée pour opter pour d’autres options. En d’autres termes, c’est un travail artistique qui suit le moral, l’humeur et surtout l’inspiration.» Un travail très encouragé par son entourage, ses amis, ses anciens collègues qui ont pris conscience de cette modernité avec un arrière plan ancien ou du traditionnel modernisé. D’ailleurs, cet entourage avait déjà un avant-goût de ce que Leila faisait. «Je confectionnais mes paniers moi-même et je les prenais au bureau, dans des visites familiales. Et tout le monde était épaté de ma production et je recevais d’ailleurs de des commandes...» Mais aujourd’hui, cette touche purement algérienne, Leila veut la faire connaître à l’étranger. Elle qui a fait plusieurs pays étrangers prend conscience que notre produit trouvera largement sa place. Du traditionnel qui a aussi de plus en plus sa place dans notre société. Les femmes particulièrement veulent se distinguer. Identité Une volonté de porter une identité. «Nous avons envie de porter une identité. Une touche moderne sur un travail artisanal, car tout le monde a compris que le travail artisanal à l’état brut ne peut pas être adéquat à la vie pratique.» Leila est convaincue qu’en redonnant vie au couffin traditionnel, c’est une personnalité qu’on donne à la femme. Un sac personnalisé, aucune autre femme ne le porte, qui dit mieux ! C’est une façon d’embellir la femme. C’est une façon de mettre l’art au service de la tradition. Leila respire le désir de faire la maitrise de l’art mais surtout la patience de mieux donner. Elle personnalise à sa façon : touches berbères, khamsa, fleurs, astuces avec de la 3d... mais surtout elle adore la touche africaine. Un continent qui l’a passionnée pendant sa carrière journalistique. D’ailleurs elle nous replonge dans des «souvenirs fabuleux» du journal africain de la Chaîne III. Comme «le difficile n’existe pas» pour Leila, aujourd’hui elle caresse le rêve d’avoir une petite galerie où exposer ses merveilles. «Je ne veux pas Laisser cette confection pour moi-même. Je veux aussi exposer ailleurs, au plan international. Des paniers tunisiens, marocains ont eu du succès, pourquoi pas les nôtres ?» Au 15e jour du Ramadan, une exposition est prévue encore chez elle pour dévoiler sa collection Ramadhan. Des idées, Leila ne manque pas. Pour l’été, une collection plage sera lancée aussi des paniers pour les baptêmes, les mariées… une selection thématique.

Un message lumineux

«Pacte avec la lumière», la nouvelle exposition de l’artiste peintre Djahida Houadef, se tient jusqu’au 24 mai à la galerie Ezzou’Art du Centre commercial de Bab Ezzouar. Gosra dz Empreinte d’une pensée qui donne une réflexion ouverte et
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Un message lumineux

«Pacte avec la lumière», la nouvelle exposition de l’artiste peintre Djahida Houadef, se tient jusqu’au 24 mai à la galerie Ezzou’Art du Centre commercial de Bab Ezzouar. Gosra dz Empreinte d’une pensée qui donne une réflexion ouverte et ordonnée, d’une odeur qui exhale un bien-être, d’une voie musicale qui berce dans des nuages souples et raffinés bien haut dans le ciel, d’une lecture adoucissant les mœurs, d’une chanson apaisant l’esprit par ces paroles peintes en vert comme la terre et en bleu comme l’étendue du ciel, d’une nourriture qui donne l’appétit et un engouement au corps, d’un regard posé sur un corps proportionné par les canons des dieux grecs, d’un désir charnel dans toute sa beauté sublime, d’un cri dégageant toute la tension du corps, d’un néant céleste qui peut remplir le vide que par son vide. Le souffle de la bergère La flore se fertilise au toucher de ses mains de fée, peignant et étalant ainsi les verts camaïeux et paradisiaques sur les terres vierges. Tout pousse, tout grimpe, tout s’épanouit, tout se fructifie. Elle rehausse la beauté divine, nourrit les animaux et assouvit les hommes. La faune multicolore aux tendresses de leurs cœurs, peignant toutes les couleurs de la lumière sur les ailes en vol. Tout bat, tout toit, tout tapisse, tout tendresse. Les battements des ailes ravitaillent l’air, comme un éventail dentelé le pompe et le remplit avec le souffle des montgolfières en quête d’aventures, de découvertes et de liberté. Et l’air se réjouit de leur mélodieuse danse. Sagesse Silencieuses elles sont. Leurs paroles sont transcrites avec la terre glaise façonnée en silhouettes gracieusement féminisées. En tagines ovoïdes alimentant les appétits, accomplissant les êtres et satisfaisant les esprits. Face aux métiers à tisser, leurs langages sont composés et dessinés avec des fibres fragiles mais ô combien solides. Signes et symboles se dégagent et immortalisent à travers le temps le sens de leur vie et leurs quêtes d’existence. Une fois le tissage fini, tout est plié et conservé comme une enveloppe contenant des lettres historiquement messagères prêtes à être postées pour les générations futures. Marelle L’espace se restituait de son air, le ciel rattrapait par la ligne d’horizon sa terre, le vide se remplissait de son plein, l’ombre se détachait de sa lumière, la forme se déterminait de ses couleurs, le soleil nuançait précieusement les valeurs de ses pigments. Mon être se délassait, corps et âme, dans ce momentané bonheur.  

«L’Algérie m’a permis d’apprendre, la France m’a appris à entreprendre»

Monsieur Arezki. Un destin à tire d’aile, c’est le récit d’un homme «libre», «rebelle» qui a vécu trois décennies d’«immersion totale, corps et âme, en apnée» avec son métier que nous livre Arezki Idjerouidène, un récit écrit quelque
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«L’Algérie m’a permis d’apprendre, la France m’a appris à entreprendre»

Monsieur Arezki. Un destin à tire d’aile, c’est le récit d’un homme «libre», «rebelle» qui a vécu trois décennies d’«immersion totale, corps et âme, en apnée» avec son métier que nous livre Arezki Idjerouidène, un récit écrit quelques mois avant son décès et qui vient d’être publié par Max Milo aux éditions Paris Méditerranée. Depuis l’enfance à Aïfane, petit village de montagne surplombant la ville de Tigzirt où il vécut pauvrement, voire dans la misère et le dénuement, jusqu’aux sommets de la réussite d’un chef d’entreprise reconnu, respecté et admiré. «L’autorité et le respect ne se décrètent pas. Ils se méritent», écrivait-il. Un récit que l’on peut prendre comme un testament, le legs d’un homme qui a réussi, sans reniement ni compromission, à la sueur de son front. Un exemple que la détermination, la volonté, l’audace et l’effort sont payants, quand bien même on part de rien. Le choix des extraits du livre que nous proposons est certainement arbitraire, mais donne au lecteur un aperçu de ce qu’était l’homme, le citoyen, l’entrepreneur audacieux, volontaire, mais sans jamais contrevenir aux valeurs dont il a hérité et de par son vécu : solidarité, loyauté, fidélité, intégrité. Qui n’a jamais oublié ses origines, c’était son cap, sa boussole. La misère, les souffrances du quotidien sous l’ère coloniale et sa volonté de s’en sortir ont forgé sa personnalité. Malgré la lumière et la réussite socio-professionnelle, l’homme est resté ce qu’il a toujours été : simple et modeste, accessible à tous, qu’ils soient puissants ou humbles citoyens, reconnaissant envers ceux qui l’ont aidé, même de façon infime. «Il est des usages auxquels il ne fallait jamais déroger», disait-il. Et aussi : «Il en est des entreprises comme des individus : en reniant son passé, ses origines, on court presque toujours à la catastrophe.»  «Question de goût, question de caractère, je n’ai jamais été tenté de mener un train de vie somptuaire et ostentatoire qui aurait pu être le mien, si je l’avais voulu…» Au plus près de l’humain «J’écrivais, vers le début de ce livre, à propos de mon engagement politique et culturel d’étudiant, que j’ai toujours été de gauche. Je le suis resté. Patron social ? Je ne sais pas trop ce que ça signifie. Mais je sais en revanche qu’en développant mon entreprise, j’ai généré nombre d’emplois distributeurs de richesses. En cas de reprise d’une autre société, j’ai toujours pris garde à réduire au minimum, si possible à zéro, les licenciements et autres restructurations dans la nouvelle filiale ainsi créée. Résultat : entre le moment où, à Montreuil en 1990, je devenais l’unique actionnaire de Go Fast et aujourd’hui, le groupe est passé de deux ou trois salariés à environ 1500 collaborateurs. La moitié d’entre eux travaille à l’international, dont une bonne part en Algérie. Faire du profit pour le profit n’a jamais été ma motivation. Ou plutôt, si profits il y a, je les trouve dans la création de richesses et d’emplois. Car c’est aussi un grand plaisir, une grande jubilation que de faire naître de l’activité à partir de zéro ou presque. Je dis parfois, sur le mode de la plaisanterie, que c’est mon dada, bien plus que celui d’écumeur de marchés aux puces. Modestie ? Peut-être…Orgueil, sinon vanité, de vouloir être utile ? Sans doute.» Ainsi était (est) Monsieur Arezki. «Je sais ce que je dois à mes deux patries et jamais l’idée de renier l’une ou l’autre, ou les deux, ne m’a effleuré même quand elles se montraient injustes à mon égard. L’Algérie, la France sont mes jambes. Quant à mes racines berbères, s’il me faut employer cette métaphore évoquant l’immobilité, mais aussi la sève, elles sont à la fois ma langue maternelle, le village où je suis né, la stature de mon père, mon engagement citoyen, la diaspora kabyle de Paris qui m’a accueilli, soutenu, aidé quand a commencé à pousser ma seconde jambe, la française. Racines berbères, ou pour mieux dire amazighes, mot qui signifie ‘homme libre’. On affirme aussi que cela viendrait du verbe ‘zegh’ (se rebeller). Homme libre, rebelle. …Après tout, les deux termes sont un peu synonymes. Si, à ce stade de mon récit, je me laisse aller à ce genre de considérations introspectives, c’est que, deux ans et demi à peine après mon arrivée à Montreuil, mon destin va brusquement prendre un tout autre cours. Alors, je m’interroge : à quoi est-ce dû ? Aux circonstances ? A la chance ? A mon amour du travail ? A la passion de mon métier ? A ma volonté toujours plus grande d’entreprendre ? A cette obligation de résultats qui ne m’avait jamais quitté depuis l’école primaire et s’était même renforcée quand je suis devenu père de famille ? A tout cela à la fois, probablement, et à d’autres choses encore que je serais bien en peine de définir.» «Le point de départ de ce bouleversement radical dans ma destinée peut paraître anecdotique : il s’agissait d’une simple modification législative dans le statut des professionnels de voyage. Sans entrer dans les détails, à partir de juin 1983, une même agence ne pouvait plus s’occuper à la fois du transport des personnes et de celui des marchandises. Service de fret et service de voyageurs seraient désormais deux activités bien distinctes menées par deux entreprises juridiquement différentes. Cela concernait donc directement Voyages-Montreuil, et en particulier sa succursale du 248, rue de Paris. Smati fut mon patron de janvier 1981 à mai 1983, puis mon associé durant les dix années suivantes. Avant de poursuivre mon récit, je me dois de préciser avec force que je lui serai toujours redevable de m’avoir mis le pied à l’étrier. Toutefois, il faut bien l’avouer, il avait une certaine tendance, sinon une ‘tendance certaine’, à confondre prudence et frilosité. Il avait derrière lui une très longue expérience du métier, mais souvent l’expérience peut devenir routine. Or, au fil de cette décennie 1980-1990, le monde du transport et du voyage était en pleine mutation, en pleine expansion : apparition puis généralisation de l’informatique, croissance exponentielle du trafic aérien avec le développement des vols charters.…Il ne suffisait pas de se contenter de suivre le mouvement, il fallait l’accompagner et, si possible, l’anticiper. Question de génération, question de formation, de mentalité également, Smati croyait avant tout aux vertus de pondération et d’épargne… Peut-être, de mon côté, étais-je à l’époque trop audacieux, trop impétueux. En tout cas, il freinait systématiquement toutes mes initiatives.» Constance «Je n’eus même pas à demander quoi que ce soit à quiconque. J’évoquais le problème, sans aucune arrière-pensée, avec l’un de mes amis, originaire d’Aïfane ou d’un village environnant. En un rien de temps, ils furent une douzaine, tous émigrés de mes montagnes natales, à me prêter spontanément des sommes variant selon leurs possibilités, mais qui constituèrent à la vitesse de l’éclair le montant requis. L’un d’entre eux m’avait donné rendez-vous dans un bistrot au coin de la rue Jean Jaurès, dans la commune voisine de Romainville. Devant une bière ou un café, il commença par s’excuser mille fois de la modeste somme qu’il pouvait me prêter : un billet de 50 francs (7,62 euros). C’était bouleversant. Je rembourserai au plus tôt ces actionnaires informels, qui resteront des amis pour la vie. De plus, pour les dédommager de leur investissement, et surtout les remercier de la confiance qu’ils m’avaient portée, ils bénéficieront, pour toujours, sitôt que j’en aurais la possibilité, de voyages gratuits. C’est bien peu par rapport à leur geste spontané qui, dans mon coeur, vaut tout l’or du monde.» «Le nom de GoFast commença à circuler avec une réputation de rigueur et d’efficacité. Je ne traitais pas avec les institutions elles-mêmes, mais individuellement, pour les déménagements et autres, au gré des changements de postes de mes clients. Je me rendais de plus en plus fréquemment en Algérie pour mes rendez-vous avec eux. Les premiers temps, je me retrouvais au siège de ces institutions ou à l’aéroport sur les banquettes des salles d’embarquement, bavardant avec cinq ou six de mes concurrents. Mais quand, quelques années après, la situation politique et sociale se dégrada et que le terrorisme fit son apparition, il m’arrivait le plus souvent de me sentir bien seul dans ces endroits désertés.… La fondation de GoFast n’aurait pu être qu’une simple mise à niveau juridique des activités de Voyages-Montreuil. C’est du moins ainsi que mon associé voyait les choses. Mais pas moi. Je me mis à consulter les appels d’offres dans les publications officielles et les revues spécialisées et je fus vite convaincu des possibilités énormes de développement qui s’offraient à nous, sur ce terrain que nous connaissions bien et qui ne demandait qu’à devenir notre spécialité, notre créneau, notre niche : l’Afrique du Nord et de l’Ouest. Il ne s’agissait pas pour autant de délaisser nos activités de base : déménagements, expéditions de véhicules et de colis au service de particuliers ou de petits groupes affinitaires. Cette clientèle nous serait toujours fidèle et me garantissait que même en cas de coup dur GoFast pourrait toujours s’appuyer sur elle pour rebondir. Mais ce n’était pas la seule raison. J’avais noué avec ces gens chaleureux des relations de sympathie sincère, de complicité amicale, à tchatcher devant un demi ou un café, rue de Paris ou de Charenton. Les snober à partir du moment où mon négoce n’avait plus besoin d’eux m’aurait paru odieux, immoral. Impensable. Et puis, il en est des entreprises comme des individus : en reniant son passé, ses origines, on court presque toujours à la catastrophe.» «Et soudain, sans que rien ne le laisse présager, GoFast fit un gigantesque bond en avant. Un jour, un Libanais que je connaissais un peu, personnage influent dans son pays et qui avait probablement apprécié la qualité des services de l’agence, prit contact avec moi sans que je l’aie sollicité d’une manière ou d’une autre. Il avait fondé l’année précédente un hebdomadaire en langue arabe imprimé en France. Compte tenu de la spécialisation et de la pratique de GoFast sur les marchandises à destination du Maghreb, il me proposait de me charger de l’expédition de ce journal en Algérie où se trouvait la quasi-totalité du lectorat qu’il ciblait. J’acceptais évidemment cette offre qui permettait de diversifier mes activités de service. Je découvris alors la quantité considérable de publications en arabe, ou bilingues, fabriquées dans la région parisienne et destinées aux quatre coins du monde. C’était un marché formidable dont j’avais jusqu’alors ignoré l’existence.…J’obtins leur clientèle une après l’autre avec une facilité déroutante... Plus besoin pour eux de s’occuper eux-mêmes de la distribution, domaine qu’ils ne possédaient pas, ou d’en passer par les fourches caudines des NMPP qui détenaient le monopole ou presque de la messagerie de presse française. Tant et si bien qu’en quelques mois, GoFast avait raflé la quasi-totalité de la distribution aérienne de la presse arabe imprimée en France… C’était le jackpot ! C’était le bonheur ! Sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.……Puis, un jour, tout s’arrêta aussi brusquement que cela avait commencé. Le 2 août 1990, les troupes irakiennes de Saddam Hussein envahissent le Koweit…. De plus, loin à l’ouest de l’Irak, et depuis quelque temps déjà, l’Algérie était entrée dans une zone de turbulence, prémices de ce qu’on appellera ‘décennie noire’, ‘décennie du terrorisme’, voire ‘guerre civile’.»… Guerre du Golfe, Algérie… «En quelques mois, les diverses sociétés de presse dont nous faisions la distribution internationale s’étaient volatilisées. GoFast perdait ainsi 90% de ses activités. L’entreprise, âgée de neuf ans, était revenue pratiquement à son niveau initial. ‘On ferme’, me déclara Smati… Malgré ses longues années à la tête de son agence, mon associé avait gardé ses réflexes de patron d’une PME algérienne : là-bas, au pays, quand une affaire ne marche plus, ou au contraire que l’on a réalisé ses objectifs initiaux, on arrête tout et on passe à autre chose.… Ou on ne passe pas. On ne cherche pas de solution pour sortir de l’ornière, de nouveaux partenaires, la diversification. Il s’agit d’une sorte de fatalisme entrepreneurial : on ferme. Ce fatalisme, cette résignation devant les coups du sort me sont complètement étrangers. Je n’en tire aucune vanité et j’ignore d’où cela me vient. En tout cas, pas un seul instant je n’imaginais mettre la clé sous la porte. J’avais créé GoFast pratiquement seul, c’était l’aboutissement d’une vocation éclose dès l’enfance, le fruit de ma passion pour mon métier, née lors de mes premiers pas, rue de Charenton, passion que rien ne pourra jamais altérer. De plus, malgré sa petite taille, ou grâce à elle, GoFast pouvait devenir le point d’appui, le tremplin d’un nombre incroyable de réalisations, d’aventures ; celle des journaux, malgré son échec, en témoignait. Il suffisait d’oser, d’entreprendre. Et puis, quand on part de rien, ou presque, on ne risque pas de tomber plus bas. Enfin, si j’avais baissé les bras, j’aurais eu l’impression de déserter, de trahir tous ceux qui m’avaient fait confiance. Naturellement, ce n’est pas en ces termes et avec ces arguments que j’annonçais à Smati ma volonté de poursuivre l’aventure GoFast, avec ou sans lui… Je devais donc lui racheter ses parts de l’entreprise. Ce ne fut pas un divorce. GoFast et Voyages-Montreuil continueront longtemps à travailler en complémentarité… La chaîne des opérations n’est jamais rompue. A chaque maillon, la responsabilité de GoFast est pleinement engagée. Pas question de se défausser d’une erreur ou d’un retard en rejetant la faute sur un éventuel partenaire. Mais cela nous donne l’immense privilège d’agir en totale indépendance, en toute liberté, au seul service du commanditaire, du client. Indépendance et liberté qui ont permis à GoFast de demeurer, malgré son fulgurant développement, une entreprise familiale. Cette notion n’a pas de statut juridique. Il s’agit seulement de rapports humains au travail, d’une éthique, d’un ‘esprit’. Esprit de famille si l’on veut, très difficile à cerner, impossible à définir, car cela tient de l’affectivité, presque de l’intimité d’un foyer. Il est de ma responsabilité d’insuffler et de préserver cet esprit non seulement chez mes trois garçons, mais aussi sur l’ensemble du personnel…» «Lors du réveillon 2000, quand j’informais les miens de la mise en vente d’Antinea, confronté à la détresse de Meziane, j’eus le sentiment d’avoir failli à cette responsabilité, à cet esprit. En prenant la décision de vendre Antinea pour me sauvegarder, j’avais oublié la passion de mon fils aîné pour le monde de l’aviation, comme mon père, jadis, avait oublié mon visage à l’un de ses retours au village après l’une de ses longues absences saisonnières. Je ne suis jamais totalement guéri de mon désespoir d’enfant. Meziane, lui, s’en remettrait sans doute. Mais ce serait peut-être pire pour nous deux : je l’aurais déçu. Donc, pour ma famille, mais aussi parce qu’à son stade de développement, il était dans la logique de GoFast d’avoir une filiale aéronautique, je reniai le serment de Saïd Hamdine que je m’étais fait à moi-même : plus jamais de compagnie aérienne. Et je découvris Aigle Azur. Ce fut le coup de coeur, le coup de foudre, comme quand apparaît, au cours d’une promenade, une antique maison à moitié abandonnée, derrière un panneau sur lequel est inscrit ‘à vendre’.…Aigle Azur devint donc une des sociétés filiales du groupe GoFast. Une chose était sa longue et prestigieuse histoire, une autre était de l’imposer comme un nouvel acteur du monde aéronautique français. Il ne s’agissait pas d’une résurrection avec tout ce que cela implique de nostalgie rétro, mais bel et bien de l’apparition d’une nouvelle compagnie aérienne.En un peu plus d’une décennie, Aigle Azur est devenue la deuxième des compagnies régulières françaises, derrière Air France/KLM. Ses douze Airbus font 300 vols réguliers par semaine au départ de six aéroports français, transportant environ deux millions de passagers par an. Données chiffrées qui fluctuent selon la conjoncture économique, politique et diplomatique. Elle reste toutefois solidement arrimée à GoFast qui forme plus que jamais un ensemble cohérent dont toutes les filières sont complémentaires. Une d’entre elles, parmi les nouvelles venues, se charge de la maintenance et de la sécurité de nos appareils ; une autre se consacre aux transports en hélicoptère ; une autre encore à la communication numérique avec la clientèle. Pas question en tout cas d’aller musarder ailleurs, dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec notre domaine de compétence. Le transport, je sais faire, mais je ne sais faire que ça.» Go Fast, une entreprise familiale «C’est dans ses veines, dans son âme. Avec Bettina aux commandes de notre agence de voyages, Meziane et Idir à la manoeuvre, la succession est assurée. Quant à Issam, le petit dernier — enfin, quand je dis ‘petit’ avec sa carrure et ses performances de triathlète ! — il a décidé pour le moment de tenter d’autres aventures, par les chemins qu’il a choisis. Son père, lui-même benjamin d’un boulanger de Tizi Ouzou, aurait mauvaise grâce à s’en plaindre. Au crépuscule de ma vie, demeure en moi le sentiment du travail accompli, la satisfaction sereine de me dire que j’ai transmis à mes enfants les valeurs fondamentales de simplicité, de respect et d’altruisme qui me semblent indispensables à tout être humain, qu’il soit traceur de sillon à Aïfane ou chef d’entreprise à Paris. Je les ai aussi préparés à prendre les rênes du groupe pour aller de l’avant. Ils y parviendront. J’ai confiance.»  

Un cinéaste et producteur singulier, passionné par l’ombre

Noreddine Kebaïli a raflé, dernièrement, lors du Festival du film amazigh d’Agadir, au Maroc, le Grand Prix du court métrage pour Séquence une… Portrait de ce jeune cinéaste et producteur qui a des ressources… et un avenir certain ! La trenta
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Un cinéaste et producteur singulier, passionné par l’ombre

Noreddine Kebaïli a raflé, dernièrement, lors du Festival du film amazigh d’Agadir, au Maroc, le Grand Prix du court métrage pour Séquence une… Portrait de ce jeune cinéaste et producteur qui a des ressources… et un avenir certain ! La trentaine à peine entamée, le regard perçant et le bouc raffiné, Noreddine Kebaïli vous parle avec beaucoup de passion de son métier. Un métier qu’il n’a pas vraiment choisi au départ, mais qui a réussi à l’ensorceler avec le temps. Fervent cinéphile, Noreddine Kebaïli se plaisait déjà tout petit à décortiquer certains films algériens et étrangers. Plus le temps s’égrenait, et plus ce fils de Boghni  (Tizi Ouzou) se rendait compte que le cinéma devenait sa raison de vivre et sa préoccupation du moment. Ses réalisateurs de prédilection étaient, et sont encore, Azzeddine Meddour, pour son film La montagne de Baya, Steven Spielber, ou encore le Canadien Jim Cameroun. Il décide d’entamer sa carrière en autodidacte, avant de suivre des cours par correspondance en 2012 à l’Ecole française Ciné Cour, pour des études de réalisation. Noreddine Kebaïli confie qu’il a dû interrompre sa formation, compte tenu du peu de moyens qu’il détenait. Une fois de retour au pays, il fréquente assidûment beaucoup de plateaux de tournage. De cette enrichissante expérience, il retient que «le cinéma est un métier d’art et de terrain. Les écoles, c’est juste pour avoir des informations», estime-t-il. Sa véritable carrière cinématographique débute dans l’actorat. Il confie fièrement que son premier court métrage amateur il l’a réalisé en 2005, à l’aide d’un smartphone. Le court métrage en question a été diffusé en 2012 en compétition officielle au Festival amazigh de Tizi Ouzou. Par la suite, il campe le rôle du personnage principal dans le long métrage en deux parties, Asfel, lequel a été diffusé à la Télévision algérienne. Il enchaîne par une autre série de télévision, mais en qualité de technicien et d’acteur. «J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer le rôle principal dans ce film. Cette expérience n’a fait qu’aiguiser ma passion pour le cinéma», précise-t-il. Sur un ton humble, l’artiste révèle qu’il a filmé pratiquement tous les films amazighs diffusés par la Télévision algérienne A4. Il est aussi l’auteur de cinq courts métrages : Le destin ; Mauvaise graine ; Un jour parfait ; Regard et Séquence une, avec lequel il a décroché le Grand Prix du film amazigh d’Agadir au Maroc. Cette fiction de 26 minutes, réalisée en 2016, revient sur l’histoire de Marie-Louise, qui vit en France avec sa mère, mais elle est d’origine algérienne. Elle décide de se recueillir sur la tombe de son père en Algérie. Là-bas, elle rencontre Lounès et découvre des histoires infâmes de son géniteur. Si Séquane one… a été présenté l’année dernière au Festival de Cannes, il n’en demeure pas moins que le court métrage Regards a été projeté dans onze Festivals internationaux. Le cinéaste n’a pas caché sa joie d’avoir été distingué au Maroc, mais il regrette, cependant, de ne pas avoir été primé dans son pays. «J’ai toujours rêvé d’être récompensé en Algérie, parce que c’est ma terre, c’est le pays dans lequel j’ai grandi. Dommage que la première récompense me soit parvenue de l’étranger», lance-t-il. Infatigable, Noreddine Kebaïli a entamé un autre projet cinématographique avec le journaliste et réalisateur Tahar Houchi. Un long métrage tourné entre la Syrie et le Liban, portant un regard sur les guerres récurrentes dans le monde. Il veut également réaliser une fiction d’ici la fin de l’année en cours sur le défunt chanteur Matoub Lounès. Ayant plus d’une corde à son arc, Noreddine est actuellement sur un projet qui n’a rien à voir avec sa carrière. Il travaille en tant que superviseur d’effets spéciaux, caméra et montage pour le compte d’une boîte privée. Il a également planché sur une série de cinéma intitulée «Chriruc», qui sera présentée durant ce Ramadhan à la Télévision algérienne A4. A la question de savoir comment il se procure les fonds pour la réalisation de ses projets, notre interlocuteur indique qu’il ne fait pas de films à gros budgets. «En tant que réalisateur, je pense que j’ai connu une progression. J’espère que je vais continuer sur cette lancée». Le cinéaste ne mâche pas ses mots pour affirmer qu’il existe un petit problème dans la cinématographie algérienne. «Les Algériens sont influencés par la technique. Le cinéma est un art. Il faut s’exprimer. Il faut toucher la sensibilité des gens. En Algérie, on est encore loin. Les films à gros budgets n’arrivent pas à décrocher des prix dans les festivals. Le cinéma, ce n’est pas l’argent, mais des compétences, le savoir et la créativité», dit-il.

Djamel Laroussi galvanise le public algérois

La salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (OREF) n’aura pas suffi à contenir le public nombreux,  venu assister à une prestation, généreusement livrée par le célèbre Djamel Laroussi, dans le cadre du 19e   Festival culturel européen. L
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Djamel Laroussi galvanise le public algérois

La salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (OREF) n’aura pas suffi à contenir le public nombreux,  venu assister à une prestation, généreusement livrée par le célèbre Djamel Laroussi, dans le cadre du 19e   Festival culturel européen. Le chanteur de jazz algérien, Djamel Laroussi, a animé, mardi à Alger, un concert ouvert sur plusieurs genres de musiques, devant un public nombreux, venu apprécier la virtuosité et le génie du guitariste gaucher, dans une ambiance euphorique. La salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (OREF), n’aura pas suffi à contenir le public nombreux, qui a dû occuper les allées réservées aux déplacements des spectateurs, venus assister à une prestation, généreusement livrée par le célèbre Djamel Laroussi, dans le cadre du 19e Festival culturel européen, ouvert le 26 avril dernier sous l’intitulé, «Les couleurs de l’Europe». Dans un concert dédié aux martyrs de la Révolution algérienne, ceux tombés le 8 Mai 1945, suite au génocide perpétré par le colonialisme français dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata, notamment, ainsi qu’aux 257 victimes du crash de l’avion de Boufarik, Djamel Laroussi a rendu hommage, aux «victimes du devoir», «d’avant et après l’indépendance» en déclamant le texte Hanni, hanni ya hennana, une poésie patriotique de Yacine Ouabed. Soutenu par le Roumain Decebal Badila à la basse, et les Algériens Nasser Menia, à la batterie, et Smaïl Benhouhou, au piano, le compositeur et interprète de Zina, a fait montre de sa grande créativité à travers l’exécution de Take five, célèbre titre de Dave Brubeck, à la cadence 5/4, entamé dans un rythme ternaire arrangé par l’artiste, avant de revenir à sa version originale. Tenant à partager la scène avec des voix qui, selon lui «méritent d’être mises en valeur», Djamel Laroussi a invité la jeune Allemande Stella Louise Goeke, soprano d’opéra classique, polyvalente et ouverte sur les musiques du monde, et le chanteur algérien de tous les genres de musiques, El Hachemi Lounissi, grand interprète, semeur d’ambiance, avec une voix étoffée, à la tessiture large. Dans la joie et le plaisir des retrouvailles, Djamel Laroussi et ses invités ont étalé Les feuilles mortes, chanson d’Yves Montand, avec une poésie de Jacques Prévert et une musique de Joseph Cosma, Taâli ah ya ghazali (patrimoine), enchaînée à May Way, de Frank Sinatra. Exécutées en duo de guitare et basse dans une parfaite synchronisation, Donna Lee, de Jaco Pastorius, pièce aux exigences aiguës, composée par Charlie Parker (The bird) pour saxophone. Très vite conquis par le guitariste gaucher, époustouflant de technique et de maîtrise de l’instrument, le public a cédé au déhanchement devant la scène, reprenant les refrains en chœur et applaudissant longtemps les artistes. Deux pièces de Cole Porter, rendues dans un ton vocal digne du Cotton Club de New York des années 1920, ont encore séduit l’assistance, Night and Day et I love Paris, transformées par Stella Louise Goeke, à la voix suave, en I love Alger, sous les youyous qu’elle a beaucoup appréciés. Djamel Laroussi et ses invités ont également rendu Tico-Tico no Fub ?, célèbre instrumental brésilien de Zequinha De Areu, Ya bnet essohba, du regretté Cheikh El Hasnaoui, Round Midnight, de Charlie Parker, A vava inouva, d’Idir. Et de conclure avec Zina et Etoile filante, deux de ses œuvres, avant d'être rappelé par le public, qu’il entraînera une nouvelle fois dans un enchaînement endiablé de standards de jazz aux douze mesures. Longtemps applaudi, El Hachemi Lounissi, au charisme imposant a séduit l’assistance, avec une voix présente et limpide, dans des interprétations justes, à la musicalité pointue. Pimpant et souriant, Djamel Laroussi et ses invités ont embarqué l’assistance dans un tour du monde onirique, prônant le lien et l’échange entre les cultures, dans une prestation de haute facture, très appréciée par les organisateurs du festival. Natif d'Alger, Djamel Laroussi a grandi sous l'influence des airs traditionnels, du chaâbi, la variété occidentale et la musique anglo-saxonne. Parti à Cologne, en Allemagne, il y découvre le jazz et accompagne plusieurs artistes de renom pour se lancer en 1998 dans une carrière solo et produire, depuis, quatre albums, Sapoutaly (1998), Etoile filante (2003), Djamel Laroussi live (2004) et 3 Marabouts (2007). Des projections de films, des spectacles de musique, de danse et autres, d’une vingtaine de pays européens, animent le 19e Festival culturel européen qui se poursuit jusqu’au 13 mai à Alger, Annaba, Constantine, Tlemcen et Oran.    

Eugène Delacroix, un orientaliste singulier

Delacroix, arrivé à Alger le 22 juin à onze heures, en repart le 25. Durant ces quatre jours, Delacroix note tout ce qu’il voit. Il emprunte un itinéraire tracé pour les Européens qui le mène de la Basse Casbah au Palais du Dey. Rares sont les œu
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Eugène Delacroix, un orientaliste singulier

Delacroix, arrivé à Alger le 22 juin à onze heures, en repart le 25. Durant ces quatre jours, Delacroix note tout ce qu’il voit. Il emprunte un itinéraire tracé pour les Européens qui le mène de la Basse Casbah au Palais du Dey. Rares sont les œuvres qui ont été autant appréciées des plus grands peintres : Renoir, Signac, Cézanne, Picasso, qui a créé une série de quinze peintures, Femmes d’Alger, en hommage à Delacroix. De Delacroix lui-même il existe deux versions : Femmes d’Alger dans leur appartement (1834) et Femmes d’Alger dans leur intérieur (1849). Il existe aussi un grand nombre de copies, dont une partielle, acquise par le Musée des beaux-arts d’Alger auprès de la galerie Tempelaere, en 1929. Selon Jean de Maisonseul, le premier directeur du musée à l’indépendance, elle serait due à Renoir, hypothèse aujourd’hui réfutée. Pourquoi tant de passion autour de ce tableau ? Un tableau naturaliste Delacroix, arrivé à Alger le 22 juin à onze heures, en repart le 25. Delacroix, durant ces quatre jours, note tout ce qu’il voit. Il emprunte un itinéraire tracé pour les Européens, qui le mène de la Basse Casbah au Palais du Dey. Une réception est organisée en l’honneur de Mornay par le duc de Rovigo au Palais du Dey. Il y rencontre l’ingénieur du port, qui l’introduit dans une famille algéroise (et non dans un harem comme Philippe Burty en a répandu l’idée). Il fixe dans un dessin conservé au Louvre l’aspect de la maison. Ses carnets conservent les noms des dames dont il esquisse le portrait dans des aquarelles qui serviront de base à la composition monumentale que constitue Les Femmes d’Alger dans leur appartement. D’Algérie, il rapporte aussi toutes sortes d’objets qu’il léguera après sa mort et qui lui serviront pour la réalisation du tableau. Sans doute le soin qu’il apporte à restituer l’intérieur est-il une des premières raisons de l’attrait que le tableau exerce : qui connaît ceux des palais de La Casbah épargnés par les destructions reconnaît l’atmosphère sombre, les faïences de Delft, les miroirs vénitiens, les portes et l’architecture ottomanes. Le réalisme tient aussi à la précision apportée dans la mise en scène des objets (kanoun, narguilé, étains) et le rendu des vêtements, de leurs textures et de leurs ornements. Si Delacroix monumentalise une scène de genre -le portait de femmes dans un intérieur-, c’est que le décor témoigne de sa fascination pour la civilisation qu’il découvre, fascination qui s’est transmise. Le Musée du Bardo, résidence de l’époque ottomane, a d’ailleurs longtemps abrité une «period room» (chambre d’époque) qui était la matérialisation du tableau. La chair du tableau : «un amas de soie et d’or» A la différence de la plupart des orientalistes qui mettent en scène des odalisques dans un Orient fantasmé, Delacroix fait le choix de représenter des femmes dans leur milieu. On a donné toutes sortes d’interprétations du tableau de Delacroix et on a souvent fait de la représentation de ces trois femmes l’image de la condition féminine dans l’Orient du XIXe siècle, recluses dans des appartements dont elles ne pouvaient sortir. On a aussi fait remarquer à juste titre qu’il s’agissait d’une représentation de femmes appartenant à une classe sociale correspondant à la bourgeoisie en France. Mais réduire le tableau à un document ethnographique serait une perspective erronée : l’esthétique de Delacroix est avant tout la volonté de traduire le sentiment si fortement éprouvé d’«un amas de soie et d’or». Qu’il soit un peintre français, qu’il ait en tête des manières de représenter une ou des femmes dans leur intérieur, n’enlève rien à l’universalité du sentiment d’émerveillement qu’il a su si bien traduire dans l’extrême subtilité des déclinaisons de tons : les couleurs à la fois se répandent et structurent le tableau ou se mêlent dans des accords inattendus. Les étoffes savamment rendues dans leur richesse font briller les corps, suggèrent la soie et l’or, la fouta de la servante fait rayonner le rouge. Le réalisme s’allie paradoxalement au rêve, la vue à la suggestion du toucher. Le poète Baudelaire y voit «un petit poème d'intérieur, plein de repos et de silence, encombré de riches étoffes et de brimborions de toilette», un moment de nostalgie mélancolique. Lors de sa présentation au Salon de 1834, le tableau suscite des réactions très opposées : certains y voient avec admiration de la «pure peinture», d’autres, tout à leur misogynie et à leur xénophobie critiquent l’aspect des femmes. Quand, bien plus tard, en 1980, Assia Djebar fait paraître un recueil de nouvelles intitulé Femmes d’Alger, en mémoire de Delacroix et Picasso, elle note à propos des femmes du tableau de Delacroix : «Ne s’abandonnant ni ne se refusant au regard. Etrangères mais présentes terriblement dans cette atmosphère de claustration…Ces femmes ne cessent de nous dire quelque chose d’insoutenable et d’actuellement présent.» La séduction du tableau n’est-elle pas plutôt dans l’anamnèse auquel le regard du peintre nous convie, dans la recherche d’un temps perdu? Ce n’est pas un hasard si ce tableau, qui garde toute sa force depuis bientôt deux siècles, occupe une place centrale dans l’exposition du Louvre.  

Association Héritage Algérie : «Le conte populaire est en danger»

Dans le cadre du Mois du patrimoine, qui s’étale du 18 avril au 18 mai, l’association Héritage Algérie a choisi de fixer les projecteurs sur un patrimoine qui se meurt, le conte populaire. C’est pourquoi elle a programmé des ateliers au niveau d
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Association Héritage Algérie : «Le conte populaire est en danger»

Dans le cadre du Mois du patrimoine, qui s’étale du 18 avril au 18 mai, l’association Héritage Algérie a choisi de fixer les projecteurs sur un patrimoine qui se meurt, le conte populaire. C’est pourquoi elle a programmé des ateliers au niveau de trois wilayas, Béjaïa, Bouira et Boumerdès. Le parachèvement de ces journées itinérantes s’est déroulé donc à la maison de la culture Rachid Mimouni de Boumerdès, sous l’intitulé «Le conte populaire algérien, un héritage à protéger et à promouvoir», avec comme slogan : «Notre patrimoine, notre avenir». Le président de l’association, M. Djeridene, a ouvert les ateliers en rappelant les précédentes activités de son groupe . Il y eut d’abord le souci de frapper les esprits en usant de l’image comme vecteur de communication, en cette ère où celle-ci prédomine : «Notre héritage est fragile et la meilleure façon de le protéger aujourd’hui c’est l’image.» Puis, ce fut au tour des musées nationaux de requérir l’attention à travers un concours national qui a voyagé à Médéa, Tlemcen, Annaba et d’autres wilayas encore. Enfin, cette troisième préoccupation de l’association s’est portée sur le conte populaire pour que des solutions soient dégagées afin de sauver ce patrimoine dont «l’intérêt pour l’éducation des enfants» n’est plus à prouver. Les causes, selon l’exposé de M. Djeridene, sont relatives à «la rareté des conteurs, aux fausses idées, aux dangers des nouvelles technologies et à la mondialisation culturelle». L’orateur a défini, génériquement, le conte comme «un récit de fiction qui se ressource du fonds culturel de la communauté source, véhiculant ainsi les croyances, les attitudes et les valeurs de ladite société». Le conteur peut accompagner son récit de gestes et de rythmes et y associer de la poésie populaire qui débute ou s’achève avec des formules rituelles religieuses (Que le salut de Dieu soit sur son messager) ou  de la mémoire collective inspirée du vécu (Il était une fois dans les anciens temps). Les thèmes des contes sont variés. Ils portent sur l’histoire, le social jusqu’au monde animal et font appel à l’imaginaire, l’anecdotique ou le légendaire. Enfin, M. Djeridène a résumé les objectifs de ces ateliers sur le conte populaire comme une occasion «de sensibiliser sur l’importance qu’il revêt dans le développement psychologique de l’enfant et le respect des étapes d’apprentissage et de préparation à la vie sociale, dans la nécessité de mettre en valeur le conte dans les manuels scolaires et dans l’urgence de former des conteurs». Pour sa part, M. Zeggane, écrivain et ex-inspecteur de français, a insisté sur le caractère du conte «comme création anonyme issue de la mémoire collective et création individuelle, celle du conteur», avant de conclure que le conte populaire «est un rêve collectif». Il rappellera qu’il existe plusieurs types de conteurs en Algérie: le professionnel, à l’exemple de Mohamed Seddik, qui vit de cette vocation, l’écrit sous les plumes d’un Bourayou ou d’un Boudia, ou encore d’une Taos Amrouche ou Nora Aceval, qui ont produit chacun un recueil de contes, et l’amateur quand le conteur exerce occasionnellement (fêtes, événements) en parallèle d’un autre métier. Le conte débute souvent par des formules propiatoires pour chasser les mauvais esprits et invoquer la bénédiction divine. Dans la société algérienne, les femmes conteuses sont majoritaires, mais elles se caractérisent par leur exercice dans un espace clos souvent familial et interviennent comme gardiennes de la tradition, sans exclure que l’impact du conte «peut prendre en charge l’éducation sexuelle des jeunes gens qui apprendront que cette dernière est entretenue dans un cadre exclusif et réglementaire, le mariage». Des thèmes comme l’amour, proscrit socialement, sont tolérés dans les contes. Il y a également l’impact politique, où on aborde des histoires qui mettent en scène des hiérarchies, des rivalités ou encore des inégalités sociales sous le joug d’un gouvernant, d’un roi ou d’un vizir. Il s’agit parfois de conflits de générations, quand la Loundja et son prince charmant rétablissent une injustice commise par un parent âgé. L’écrivain Mohamed Zeggare conclura son intervention sur les dangers des moyens audiovisuels qui isolent l’individu et surtout l’enfant de sa société. Lien que le conte populaire tisse puis renforce, d’où l’urgence de remédier au plus tôt à sa disparition progressive. Les ateliers se sont achevés par la diffusion de vidéos et d’images de contes et de conteurs. Puis un questionnaire a été distribué à l’assistance. Enfin, il est attendu des recommandations sur la manière de protéger et de promouvoir ce patrimoine culturel qu’est le conte populaire.  

Poisonous roses, de Ahmed Fawzi, remporte le premier prix

Organisé par le centre de divulgation culturelle Al Tarab, le Festival du cinéma africain de Tarifa-Tanger a fêté ses 15 ans, du 26 avril au 5 mai 2018. La programmation de cette quinzième édition du FCAT a proposé 80 films, dont 36 premières en Espag
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Poisonous roses, de Ahmed Fawzi, remporte le premier prix

Organisé par le centre de divulgation culturelle Al Tarab, le Festival du cinéma africain de Tarifa-Tanger a fêté ses 15 ans, du 26 avril au 5 mai 2018. La programmation de cette quinzième édition du FCAT a proposé 80 films, dont 36 premières en Espagne, 30 films en compétition, 6 prix et plus d’une trentaine de pays représentés. Le festival le plus important consacré au cinéma africain du monde hispanophone s’est tenu du 27 avril au 5 mai 2018 à Tarifa, en Espagne. Pour la troisième année consécutive, le festival a eu lieu à la Cinémathèque de Tanger, la ville qui fait face à Tarifa, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, au Maroc, du 26 avril au 3 mai. Espagne De notre correspondant Le grand vainqueur de la 15e édition du Festival du cinéma africain de Tarifa et Tanger (FCAT 2018) est le réalisateur égyptien Ahmed Fawzi Saleh, avec Poisonous roses (Ward Masmoum), qui a remporté le Prix du meilleur long métrage de fiction. Ce film raconte l´histoire d’un jeune qui veut fuir le quartier des tanneurs égyptiens où il vit et travaille. Sa sœur, Taheya, essaie de l’en empêcher à tout prix. Lors de la cérémonie de clôture, depuis Le Caire, Saleh a transmis un message au public : «Je remercie le jury, la ville de Tarifa et les beaux jours passés en Espagne». Le Prix du meilleur documentaire est revenu au Gabonais Boxing, Libreville d’Amédée Pacôme. A travers ce documentaire, le jeune réalisateur se demandait s’il y avait de l’espoir pour une transition démocratique dans son pays. La jeune actrice Maggie Mulubwa, protagoniste du long métrage I Am Not a Witch, de Rungano Ngoni, remporte le Prix de la meilleure actrice. Le documentaire burundais Lendemains incertains, du cinéaste Eddy Munyaneza, a reçu une mention spéciale du jury pour la force, le courage et l’engagement de son réalisateur . Le film La Belle et la meute, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, a gagné le Prix du public, voté par les spectateurs du festival à la sortie des projections de la sélection en compétition,  Hypermétropie. Les six membres de l’association CineCádiz ont remis le Prix du meilleur court métrage à Tikitak-A-Soulima, du réalisateur marocain Ayoub Layoussifi. Ce jury a donné également une mention spéciale à I Am Sheriff, du réalisateur sud-africain Teboho Edkins. Le prix est financé par l’hôtel The Riad de Tarifa. Cette année, quatorze films, sept fictions et sept documentaires, produits entre 2017 et 2018, ont été retenus dans la sélection officielle du festival Hypermétropie. La majorité des fictions en compétition viennent du nord de l’Afrique (Tunisie, Algérie, Maroc et Egypte), tandis que l’Afrique subsaharienne est représentée par 5 documentaires. Beaucoup de ces films illustrent la situation politique de divers pays d’Afrique et mettent en scène les mouvements populaires déclenchés dans le sillage du Printemps arabe. I’m Not a Witch, de la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni Bafta, a été projeté en ouverture. Une histoire tragique imprégnée de réalisme magique sur une fillette de huit ans enfermée dans un camp de sorcières, qui a beaucoup ému le public de Cannes l’année dernière. Une fois de plus, la qualité artistique est au cœur de la sélection des titres présentés à Tarifa, la ville la plus au sud de l’Europe occidentale, et à Tanger, la ville la plus septentrionale d’Afrique. Deux sièges, deux villes, deux continents, séparés uniquement par 14 kilomètres de mer Méditerranée. Finalement, la section Afrodescendances met en lumière huit films nationaux et internationaux de la diaspora africaine en Europe. Cette 15e édition était  de nouveau un lieu de rencontres, de connaissances, d’échanges et de communication entre des acteurs, actrices et professionnels du cinéma d’origine africaine et le reste de la société espagnole, faisant du FCAT un point de référence pour l’afro-descendance dans ce pays. Le festival, qui a accueilli près de 13000 spectateurs l’année dernière, est parvenu à montrer les réalités diverses et riches du continent en suivant le regard des réalisateurs et réalisatrices africains. L’Algérie a été  largement représentée au FCAT 2018. Le film En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui, présenté dans la section «Un certain regard» du Festival de Cannes en 2017, était en compétition dans la sélection officielle des longs métrages de fiction. Egalement, le documentaire Vote Off, de Fayçal Hammoun, a été présenté en première en Espagne et au Maroc. Le cycle 15 ans du FCAT a montré 15 films primés par le jury ou par le public lors des éditions précédentes. Trois œuvres algériennes ont été choisies dans cet hommage, Un métier bien,  de Farid Bentoumi, Prix du meilleur court-métrage au FCAT en 2016, Les jours d’avant, de Karim Moussaoui, meilleur court métrage en 2013, et Barakat, de Djamila Sahraoui, Prix de la meilleure réalisation en 2007. Des films avec lesquels les créateurs ont construit la narration, l’imaginaire et l’identité culturelle d’un pays aux multiples facettes en pleine croissance, qui continue à chercher sa place dans le monde.  

«J’ai toujours le trac quand je monte sur scène»

A la faveur de la tenue du 19e Festival culturel européen d’Alger, le musicien algérien Djamel Laroussi se produira, ce soir, sur la scène de la salle Ibn Zeydoun à Alger. Dans cet entretien, il dévoile une partie de son programme, en ne manquant pas d
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«J’ai toujours le trac quand je monte sur scène»

A la faveur de la tenue du 19e Festival culturel européen d’Alger, le musicien algérien Djamel Laroussi se produira, ce soir, sur la scène de la salle Ibn Zeydoun à Alger. Dans cet entretien, il dévoile une partie de son programme, en ne manquant pas de revenir sur la sortie, en 2019, de son prochain album. Propos recueillis par  Nacima Chabani Comment est née l’idée de ce concert spécial de ce soir ? L’idée de ce concert spécial est née avec le fait de m’avoir invité à la 19e édition du Festival européen d’Alger, surtout que quand on m’a invité, on m’a parlé de jazz. J’ai tout de suite dit que c’était super. Mais pour faire du jazz pur et dur, j’ai dit que cela serait moins intéressant que de faire un métissage. J’ai demandé si cela était possible de métisser. Les organisateurs ont adhéré à mon projet musical. Après, il a fallu que je trouve les musiciens qui puissent être flexibles pour pouvoir jouer tous les styles et faire un voyage musical avec comme fil conducteur le jazz et bien sûr l’improvisation. Qui dit jazz, dit improvisation. Ainsi, j’ai pensé à ramener à la basse Nacer Menia, qui est un batteur local, Hachemi Lounissi, qui est un musicien local, et Smaïl Benhouhou, qui est un grand pianiste qui joue avec moi dans le groupe. Il écrit des arrangements classiques. Il a étudié l’harmonie et habite Paris. J’ai pensé à Didier Barbadila, qui est un excellent bassiste et qui a fait ses études avec moi à l’université de Cologne, en Allemagne. Il a joué avec toute la planète. C’est l’un des plus grands bassistes qui existent dans le monde. Et aussi Stella Gorges, qui est une chanteuse de formation jazz et classique très flexible. Je me suis dit que cela serait génial de ramener cette formation. J’ai proposé celle-ci aux organisateurs du Festival européen d’Alger, lequels ont validé la venue de ces musiciens. C’était l’occasion de prendre des morceaux de jazz revisités et de les algérianiser. De prendre les morceaux algériens et de les jazzifier.   Quels sont justement les morceaux de jazz revisités que vous comptez jouer ce soir sur scène ? Je préfère laisser cela comme surprise, mais je vais tout de même vous donner une direction générale. Ce sont des standards de jazz que j’ai appris et qui sont connus et que tout le monde apprécie. Ce sont de belles mélodies, où j’ajoute une touche algérienne. J’ai pris, également, des morceaux à moi, sans donner de titres précis que j’ai un peu jazzifiés. Cela passera, donc, d’un morceau à l’autre d’une manière fluide. Par contre, par rapport à la poésie, c’était en relation avec mon album. Comme je l’ai déjà dit, c’est un voyage musical entre la musique algérienne, africaine, sud-américaine...   Le jazz est le fil conducteur de votre concert de ce soir, avec une part d’improvisation...   Quand le jazz a commencé à être joué par les grands jazzmen des années 20' et 40', les gens développaient de plus en plus cette improvisation qui est en directe relation avec un savoir harmonique. C’est peu spécifique de ce dont je suis en train d’expliquer, mais je dirais qu’il y a de grands jazzmen qui n’ont aucune connaissance de la théorie, mais détiennent un système dans leur tête pour improviser. Ils connaissent toutes les gammes et les arpèges. Ils improvisent instinctivement, mais savent ce qu’ils font quelque part. Ils ont un système non conventionnel. Me concernant, j’ai fait l’Ecole de jazz de Cologne. Je sais comment on improvise. J’ai appris cela et j’ai beaucoup travaillé. Et je continue à travailler, car c’est très dur. Le jazz est tout de même une musique assez complexe. En fait, il ne faut pas lâcher la balle. Plus on joue et plus on apprend. C’est un monde infini. Pour la musique algérienne, les standards qui sont connus, je vais les reprendre dans cet esprit. Jouer le thème de la chanson comme on l’a connu et puis sur ce thème, improviser de nouvelles mélodies qui pourraient passer avec ces accords qu’on entend où on la joue. Est-ce que vous appréhendez ce concert par rapport à votre public ? Pour ne rien vous cacher, j’appréhende tous les concerts. A chaque fois que je fais un concert, je suis toujours corps et âme avec le fait que je vais donner un concert. Cela me donne le trac, bien sûr, mais j’adore, car je sais au final que cela sera bien. Il y a toujours cette appréhension qui, malheureusement, après des milliers de concerts, est toujours là.   Avez-vous un projet d’album en perspective ? Je suis en train de plancher sur un nouvel album. J’ai déjà préparé cinq chansons. L’idée de l’album, c’est de prendre d’anciennes poésies maghrébines des 18e et 19e siècles, même avant si c’est possible. J’ ai plein de poésies. Là, je suis en train de composer des musiques sur ces textes. C’et un peu comme le chaâbi, qui a des poésies très anciennes. J’essaye aussi de m’entourer de professionnels de la poésie pour ne pas chanter de la poésie avec des erreurs. Comme c’est une tradition orale, c’est dur de corriger quand on n’est pas spécialiste. Je ne suis pas spécialiste, mais j’aime la poésie plus que la musique. Je la ressens et je l’apprécie. J’essaye de mettre de la musique sur des textes existants. J’espère sortir cet album début 2019. Cela fait longtemps que j’ai commencé le travail, mais j’ai dû l'arrêter, car j’avais d’autres projets. J’ai fait plein de choses en parallèle en tant que musicien et producteur. Je suis aussi un musicien qui joue avec d’autres artistes. Cette année, j’ai décidé de finir mon album. Je suis d’ailleurs très content d’avoir fini les cinq premiers morceaux.

Des philosophes cotisent pour réussir un congrès

En dépit du désistement à la dernière minute du ministère de la Culture à aider financièrement la tenue du 6e congrès de l’Association algérienne des études philosophiques (AAEP), cette rencontre internationale, organisée les 25 et 26 avril derni
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Des philosophes cotisent pour réussir un congrès

En dépit du désistement à la dernière minute du ministère de la Culture à aider financièrement la tenue du 6e congrès de l’Association algérienne des études philosophiques (AAEP), cette rencontre internationale, organisée les 25 et 26 avril dernier à Azur-plage, à Staouéli, a connu un franc succès, a relevé le président de cette association, Omar Boussaha. Pour réussir cette activité qu’ils veulent pérenniser, les philosophes, professeurs et universitaires nationaux affiliés à l’AAEP ont, en effet, puisé dans leurs deniers personnels afin d’assurer le gîte et le couvert à leurs homologues étrangers venus de Tunisie, du Maroc, du Liban et du Soudan, a-t-on appris. Axé sur le thème de «La culture du vivre-ensemble et de la lutte contre toutes les formes d’extrémisme et d’exclusion», ce congrès a permis de mettre la lumière sur les dimensions socioéconomiques, religieuses et culturelles, poussant les individus et certaines organisations de masse vers le refus de l’Autre, des idées d’ouverture sur le monde et ses variétés de cultures, de pensées, d’idéologies, de modes de vie et de vision du monde contemporain. Les interventions de tous les communicants ont été suivies chacune d’un vif et fructueux débat sur les soubresauts du monde culturel et d’un impact des médias sur les esprits du grand public. Sans qu’ils en soient avisés, la prise en charge complète des philosophes étrangers a permis la réussite de ce congrès annuel, lequel a failli péricliter, n’était la volonté des membres de l’AAEP, note-t-on. «Nous avons été surpris par l’incompréhensible faux bond du ministère de la Culture. Qu’à cela ne tienne, nous avons décidé de ne pas annuler ce congrès et de le financer avec nos propres moyens et ressources financières. Il a connu un succès retentissant, que des médias nationaux ont parfaitement répercuté en lui conférant l’importance et la place qu’il mérite», a indiqué Ahmed Dellabani, professeur de philosophie et président du bureau de l’AAEP de Biskra, lequel a animé de fort belle manière l’allocution inaugurale de ce congrès qu’«il serait dommage de voir disparaître à cause d’un déficit de financement étatique», souligne-t-on du côté des organisateurs.  

Focus en escale à Skikda

Le palais de la Culture et des Arts de Skikda a abrité dernièrement une exposition photographique internationale intitulée «Une image, une femme», dans le cadre d’une tournée nationale organisée par l’association photographique Focus, en collaborat
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Focus en escale à Skikda

Le palais de la Culture et des Arts de Skikda a abrité dernièrement une exposition photographique internationale intitulée «Une image, une femme», dans le cadre d’une tournée nationale organisée par l’association photographique Focus, en collaboration avec le ministère de la Culture. «L’exposition tenue à Skikda représente la troisième halte, après celles déjà organisées à Alger et Sétif. La tournée se poursuivra encore pour concerner plusieurs autres villes du pays», expliquent les jeunes membres de Focus qui se sont déplacés à Skikda. Forte de 43 œuvres photographiques, versées toutes dans la thématique de la femme, l’exposition se propose, comme l’expliquent ses initiateurs, à mettre en valeur la femme dans sa beauté, sa condition, son vécu et ses aspirations. L’exposition, qui a constitué l’un des événements culturels forts de la ville ces derniers jours, a drainé un public connaisseur et autres curieux. Une grande partie des jeunes photographes locaux ont surtout eu à s’imprégner de ce qui se fait ailleurs, voire à échanger leurs commentaires à propos des œuvres proposées. Le niveau, aussi bien technique qu’artistique, des œuvres proposées, reste globalement très appréciable, même si la tendance «portraitiste» a légèrement dominé l’ensemble. La vocation «internationale» de l’exposition lui a également insufflé un brin de renouveau, représenté surtout par d’excellentes approches artistiques, arborées par Anjan Gosh (Inde), Mohamed Gamal (Egypte) et Thalia Katsiveli (Grèce). Les œuvres des jeunes photographes algériens, présents en force, n’ont pas démérité et l’exposition aura eu l’honneur de mettre en valeur la dextérité artistique de plusieurs d’entre eux. La photo proposée par Sofiane Belhani, certainement l’une des meilleures œuvres de l’exposition, dénote du degré de maturité artistique de certains de nos jeunes photographes. Avec Belhani, d’autres photographes, tels Dihia Gaci et Haider Zerari, ont également égayé le Salon, chacun selon sa sensibilité, de deux portraits fort réussis, sans recourir pour autant au «style misérabiliste» qui continue de miner ce genre photographique chez nous. Le grand mérite de l’association Focus réside dans la volonté de ses membres de proposer d’autres visions d’un art très prisé parmi nos jeunes et de les avoir encouragées. Forte déjà d’une certaine expérience, il lui appartiendra désormais de passer à une autre dynamique basée sur l’artistique et la créativité afin de limiter, un tant soit peu, le recours simpliste aux clichés, aux cartes postales et aux autres stéréotypes photographiques que les Salons qui poussent, ici et là, ne cessent de couver.Des Salons qui risquent de mouler l’art photographique dans des thématiques rébarbatives et souvent populistes, empêchant par là les jeunes photographes d’évoluer, et surtout de créer. Selon les membres de Focus, c’est Tlemcen qui devra accueillir dans les jours à venir cette sixième édition.

Délocaliser = dénaturer

Par Noureddine Amrani (*) A la veille de la commémoration de l’insurrection du 8 Mai 1945 à Guelma, notre attention a été saisie par une action entreprise par le cinéaste Djaâfar Gacem, visant à délocaliser l’histoire de l’insurrection du
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Délocaliser = dénaturer

Par Noureddine Amrani (*) A la veille de la commémoration de l’insurrection du 8 Mai 1945 à Guelma, notre attention a été saisie par une action entreprise par le cinéaste Djaâfar Gacem, visant à délocaliser l’histoire de l’insurrection du 8 Mai 1945. Pour ce faire, la réalisation d’un film est programmée à l’ouest du pays sur l’épopée des massacres qui ont eu lieu durant plus de deux mois à Guelma et dans sa région. Cette entreprise, préméditée depuis le mois de janvier 2018, a été dénommée Héliopolis, ville située à 3 km au nord de Guelma, et avalisée par le ministère de la Culture, avec une bonification financière pour sa réalisation. Ainsi, la mise en œuvre a commencé le 20 avril 2018 à Aïn Témouchent, en omettant le droit d’informer les citoyens algériens, soucieux de la préservation de l’histoire authentique de leur pays et du respect de leurs martyrs. Ceci étant pour la forme ! La reconstitution des situations vécues dans lesquelles nos parents se sont sacrifiés pour la foi, la liberté et la dignité, ne saurait accepter des interpolations du genre. Pour vos séquences, Monsieur le réalisateur, vous ne pourrez pas prendre à témoin une nature autre que celle qui garde dans ses entrailles le sang et les cendres des ossements de nos martyrs. Ne vous égarez pas ! La vérité sautera aux yeux. Pour le vrai de l’histoire : le 7 mai 1945, lors d' une réunion avec le sous-préfet et l’organisation des partis de gauche, le comité des AML demanda l’autorisation de manifester le lendemain. L’option de défiler dans un cortège unique avec le drapeau algérien, proposée par l’AML et le PPA, fut refusée. Sur ce, le 8 mai 1945, à 18h30, un cortège de 1500 à 2000 jeunes et 400 à 500 paysans venus du marché de bestiaux et assoiffés de liberté, rejoignirent par la rue d’Announa, le centre de la ville, avec le drapeau algérien, en défiant les milices coloniales dirigées par le criminel Achiary, sous-préfet de l’époque. Ne donnez pas l’occasion aux criminels, auteurs de l’œuvre satanique, de se voir amnistiés par l’absence de décor authentique témoin à charge et imprescriptible pour l’histoire du pays. La présence de nos militants à la levée des couleurs de l’Etat colonial n’était pas souhaitée par l’AML. La page restera à jamais indélébile du sang de nos martyrs. Oued Seybouse, entre Guelma et Héliopolis, arrosera éternellement la région pour s’ablutionner des ossements de nos martyrs. Kaf el boumba et les fours à chaux de Louis Lavie, minotier à Héliopolis, qui ont servi à incinérer des milliers d’Algériens assassinés, le puits du colon sanguinaire, Chemol, qui lui a servi à jeter vivants des Algériens, puis à les cimenter, restent les témoins éternels des crimes. Vous seriez tenté de justifier votre choix d’adaptation de vos scénarios par la disponibilité d’édifices coloniaux. Ce choix vous rapprochera sans aucun doute de la période de la francisation du pays en 1848, où il a été proclamé «territoire français», mais vous éloignera de la reconstitution authentique des scènes des massacres du 8 Mai 1945. Pour rester fidèles à la réalité, vous ne trouverez guère mieux que la caserne de Guelma : forteresse qui abrita l’exécution de neuf jeunes de nos parents âgés de 19 ans en moyenne, sur ordre d’Achiary. Ne profanez pas nos mémoires, elles resteront vives encore. Faites œuvre utile pour notre jeunesse à découvrir par un recueillement les sites mémoriaux qui parsèment les champs de bataille de notre pays. Les musées à ciel ouvert seront d’un grand apport dans ce cas. (*) Fils de chahid du 8 Mai 1945

Piraterie et «choc d’incivilisation» à Mare Nostrum

Par Belkacem Meghzouchene Romancier algérien Cinq siècles avant Choc des civilisations pour un ascenseur à Piazza Vittoria, un best-seller superbement écrit par le romancier algérien, italianophone, Amara Lakhous (né en 1970, à Alger), la me
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Piraterie et «choc d’incivilisation» à Mare Nostrum

Par Belkacem Meghzouchene Romancier algérien Cinq siècles avant Choc des civilisations pour un ascenseur à Piazza Vittoria, un best-seller superbement écrit par le romancier algérien, italianophone, Amara Lakhous (né en 1970, à Alger), la mer Méditerranée fut le plus grand théâtre des chocs des entités Chrétien/Musulman, Occident/Orient et Espagnol/Ottoman. La mer Méditerranée, ce bassin turbide ayant connu de courtes périodes d'accalmie relative, et d'autres belliqueusement houleuses. L'écume des haines, par guerres sacro-saintes interposées, avait tant disjoint les deux rives, diamétralement opposées. Qui arborait le Croissant, qui brandissait la Croix. Cristiani di Allah (Les Chrétiens d’Allah), est un roman de l'écrivain italien Massimo Carlotto (né en 1956, à Padoue), se passe dans la Régence d ’Alger des années 1541-1542. Les auteurs italiens, qui s'intéressent à romancer sur l'Algérie, méritent une attention particulière et une reconnaissance. A plus forte raison quand ils narrent des pans entiers de notre histoire tentaculaire, empreinte de chocs civilisationnels, de perfidie, d'opprobre, de piraterie et de légendes bien salivées au fil des siècles.«Alger la Blanche, resplendissante dans toute sa beauté. Vue des collines altières, elle semblait une perle se polissant sur le rivage de la mer». Rififi entre raïs et janissaires Cristiani di Allah est une histoire d'amour, de passion, de trahison et d'atrocités de guerre. Mais aussi de la traite d'esclaves blancs, d'intrigues, de vendettas. Massimo Carlotto dépeint la ville de Sidi Abderrahmane, dévalant une dénivellation jusqu'aux Iles aux mouettes (Icosim, en phénicien), avec ses maisons mauresques entassées l'une au-dessus de l'autre comme un cône de pin, une médina fascinante et effrayante, mythique et ombreuse, habitée par des personnages tant cruels et louches que cléments et bienfaisants. Etonnamment, ces renégats furent des refugiés religieux ou politiques, mais aussi des refugiés sociaux avant tout. Incroyablement, entre le seizième et le dix-neuvième siècles, 300 000 chrétiens s’étaient convertis à l'islam, de gré pour les renégats, et de force pour les pauvres esclaves. La trame de cette fiction, aux épices méditerranéennes, se tisse dans une cité cosmopolite, La Casbah d'Alger, écumée par un patchwork d’Andalous, d’autochtones, et de corsaires renégats musulmans et hébraïques, cupides de surcroît. Communément appelés «les Raïs». «Je m’appelle désormais Redouane Raïs. Je suis advenu un corsaire pour être libre d’aimer. Et pour être encore libre davantage, je me suis fait turc». Une foultitude de renégats de toutes les contrées de la chrétienté, devenus des Raïs, ayant troqué leur nom de naissance pour des sobriquets musulmans. Redouane Raïs, d'origine albanaise et fils d’un pêcheur, ex-mercenaire, renia la Croix et la substitua par le Croissant, et se mit au service de la Régence d'Alger, gouvernée par un autre renégat sarde, le beylerbey Hassan Agha, que Kheir-Eddine Barberousse avait fait eunuque, encore enfant. Redouane Raïs s'éprit de Othmane Raïs, un renégat allemand ayant déjà guerroyé pour le compte des redoutables lansquenets. Ils partageaient un lit à baldaquin, chipé d'une fuste catalane prise comme butin. Leur relation homosexuelle, imbibée des vins des îles Canaries, se trouva ébranlée, quand par un matin automnal la flotte gargantuesque de Charles Quint remplit soudainement la baie d'Alger (mercredi 19 octobre 1941.) L'effroi s'empara de la populace apeurée, victime des exactions des pirates des mers. Il eut fallu quatre jours pour débarquer la titanesque armée de l'Empereur à la rive gauche de l'Oued El Harrach, à El Hamma, plus exactement. La Citadelle emmurée refusa toute capitulation, et deux jours après, une pluie diluvienne fit couler le tiers des navires et embourba la soldatesque à terre, si affamée et accablée par le froid glacial et les vents violents. Même la poudre, trempée par les giboulées, n'était d'aucun secours. Charles Quint décida de battre en retraite, humiliante pour sa couronne qu'il jeta dans les flots de mer déchaînée. La Croix se brisa, le boucher des Aztèques, le conquistador Hernan Cortes, et l'amiral génois, Andrea Doria, avalèrent la débâcle, la mort dans l'âme. A l'intérieur de la légendaire Citadelle, la liesse fut grandiose. On fit même endosser la victoire providentielle aux saints de la ville et aux prophéties d’une bohémienne morisque. Chacun y allait de sa propre légende. Redouane Raïs, trentenaire, la voix narratrice de ce roman, voulait bâtir une galiote qu'il baptisera La victoire de l'islam, pour les besoins de la piraterie. Il se rendit au bagne d'Ali Arabagi, où languissait un esclave espagnol habile en la matière, nommé Honorato Figuera. Ils se mirent d'accord sur les honoraires. Dans la taverne du bagne, les deux amants renégats burent du vin, et le tenancier ligurien, Ali di Varezze, leur apprit que les trésors d'Hernan Cortes ramenés du Mexique coulèrent dans la baie d'Alger lorsque le conquistador y perdit sa galère Esperanza. Redouane et Othmane crurent entendre une blague italienne, mais le barman leur susurra que le timonier Vincencio Yarmonque de la galère de Cortes, pris prisonnier, blessé à la jambe, était prêt à leur indiquer le lieu exact du naufrage en monnayant sa guérison et sa liberté. Ils emmenèrent le prisonnier chez un chirurgien, un autre renégat espagnol, Pedro de Choya, renommé Yassine, que Redouane Raïs trouvait «étrange, taciturne, solitaire, entouré d'esclaves gueux plus âgés que lui. Il a une petite tête, un grand échalas, avec des mains si grandes qu'elles sont faites beaucoup plus pour tuer que pour guérir». Le timonier porte un pendentif ramené du Nouveau Monde, à l'effigie d'un animal bizarre. Sa jambe gangrenée devait être amputée. Les deux corsaires lui firent un chantage : lieu du trésor contre sa cure ! Avant de rendre l’âme, il leur révéla que «la galère de Cortes a coulé à trois mille à l'est de Cap Matifou. La proue s’est échouée sur la plage sablonneuse et la poupe s'est fracassée sur les écueils. Les trésors sont cachés dans la cabine de Cortes, en poupe. Le coffre-fort à trois serrures regorgeait de perles précieuses et de pépites d'or dont le couvercle porte un dessin de lis au milieu !» Le lendemain, de bonne heure, ils filèrent vers Cap Matifou, en catimini. Après trois jours de recherches infructueuses, ils rentrèrent à La Casbah, bredouilles. Massimo Carlotto n’élude pas de relater les souffrances et les châtiments corporels et moraux subis par les esclaves européens, croupissant dans les sous-sols ou s'usant les muscles au bord des galères à force de ramer en saison de course. Pour s'affranchir, les esclaves devaient soit se reconvertir à l'islam ou payer la rançon exigée par leurs maîtres, démesurément insatiables. Une vive tension planait donc entre la taïfa des raïs et les janissaires. Ces derniers s'affichaient arrogants, avides de sang, la main prompte à dégainer le yatagan. Redouane Raïs eut un caractère impitoyable, hardi, barbare, sans scrupules, éhonté, méprisant et sadique. Toutefois, les remords l'affaiblirent. Il rêvait de voyager au Nouveau Monde. A l’inverse, son amant, Othmane Raïs, fut futile, égoïste et infatué, il s'amouracha d'un jeunot turc intouchable, un janissaire. Redouane Raïs, fou furieux, élabora une manigance compliquée et dangereuse. En essayant d’étouffer la relation sodomite entre son amant et le jeune janissaire, Redouane Raïs, en véritable magouilleur, engagea le serveur de la taverne, un esclave nommé Ginete Botin, à mettre du venin d’un alchimiste français (Guillaume alias Hamza) dans la coupe du mouchard Ali di Varezze, qui mourra quelques jours plus tard, et en même temps il céda ses trois propres esclaves chrétiens, Iseppo le Vénitien, Bartolemeo le Génois, et Girbau le Portugais, au renégat sarde, Farhat Raïs, le chef de la garde prétorienne de Hassan Agha. Le 6 avril 1542, sa galiote La victoire de l'islam enfin construite, Redouane Raïs et ses acolytes égorgèrent trois moutons sur la proue, ensanglantant les flots, un rituel superstitieux, puis hissèrent les voiles pour aller en course. Piraterie organisée ! De retour des razzias des côtes italiennes, ils descendirent au marché des esclaves, le Badistan, sis dans la Basse Casbah, non loin du palais royal, La Djenina. Les esclaves étaient exposés nus et enchaînés, examinés par les acheteurs le matin et rachetés l’après-midi aux enchères ! Par précaution, les acquéreurs d'esclaves faisaient même appel aux chiromanciens pour prédire leur destin. Redouane Raïs s'attacha les services d'un gitan hongrois pour bien choisir ses trois nouveaux esclaves, pris récemment par lui-même : deux musiciens (Miali Grau, instrumentaliste sarde, et Soghomon, flûtiste arménien) et une femme robuste, Domenica Carafe, de Syracuse. Les deux musiciens se lamentèrent de leur séparation de la chanteuse Lucia de Jani, qui fut capturée avec eux par la galiote La victoire de l'islam, acquise par Mami Giudeca, et pourtant ils la lorgnaient au Badistan. Redouane Raïs ourdit un complot pour assassiner, nuitamment, le jeune janissaire qui s’enticha de son amant allemand. Il le fila même jusqu'à sa caserne. Nonobstant, quelques jours après, les janissaires anticipèrent et tuèrent Othmane Raïs, que son amant ensevelit, le cœur fêlé, au milieu de la baie d’Alger, jurant sur les flots mousseux qu’ils l’engloutirent pour venger sa mort. Les deux musiciens lui apportèrent furtivement Lucia, dont la voix ensorcela Redouane Raïs. Il lui promit de la libérer avec ses deux compères. A la veille de son dernier départ d’Alger, le corsaire albanais s’embusqua dans une ruelle sombre de La Casbah et éventra les deux janissaires tenus pour responsables de l’assassinat de Othmane Raïs. De retour d’une taverne, éméchés et titubant dans les dédales de la médina mythique, il les éventra à l’aide d’un katzbalger, l’arme de son amant tué. Illico presto, il les fit charger sur une charrette, épaulé des deux musiciens sarde et arménien, qui acheminèrent les deux corps turcs à l’atelier du chirurgien espagnol, Pedro de Choya, qui s’en réjouissait d’examiner leurs viscères, avant de les enterrer, en cachette, dans le cimetière des esclaves. Première vengeance assouvie. Redouane Raïs offrit à l’alchimiste français, son amant occasionnel, sa maison et son esclave algérien, Ahmed, et il ne lésina pas à poignarder plus tard dans la nuit le renégat vénitien Mami Giudeca, le propriétaire féroce de l’esclave vénitienne, Lucia. A l’aube, ils embarquèrent tous dans la galiote La victoire de l'islam, à destination des côtes italiennes. Redouane Raïs releva l’ancre et jeta l’ultime coup d’œil sur la ville penchée sur la mer sibylline, encore assoupie. Entre-temps, il devait rejoindre la flotte de Kheir-Eddine Barberousse, amarrée à Toulon, qu’il ravagea d’ailleurs sans vergogne, trahissant l’hospitalité du roi François 1er. La cathédrale de Toulon fut saccagée et transformée en mosquée. Une grande majorité des enfants des environs furent enlevés et réduits en esclaves. A la fin, Redouane Raïs abjura la foi musulmane, se renomma Giovan Battista Grani, et s’étiolait quelque temps au sud de la France, caressant le rêve de naviguer outre-Gibraltar, sous le charme de la voix de Lucia qui n’avait finalement pas regagné Venise. «Sa voix pénétra dans mes tripes, et tel un onguent, Lucia atténua ma douleur et chassa ma mélancolie, contractée depuis la perte du lansquenet allemand, alias Othmane.»   Cristiani di Allah (189 pages), préfacé par Amara Lakhous, mérite bien une traduction vers l’arabe et le français.     Roman : Cristiani di Allah (Edizione E/O, Italie). Auteur : Massimo Carlotto

Le traceur de sillons

Décédé en 2016 à l’âge de 61 ans, Arezki Idjerouidène, plus connu sous le nom d'«Arezki» ou «Monsieur Arezki», laisse en héritage à ses trois fils, Meziane, Idir et Issam et, au-delà, à tous les jeunes qui ont la volonté et la résolution d
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Le traceur de sillons

Décédé en 2016 à l’âge de 61 ans, Arezki Idjerouidène, plus connu sous le nom d'«Arezki» ou «Monsieur Arezki», laisse en héritage à ses trois fils, Meziane, Idir et Issam et, au-delà, à tous les jeunes qui ont la volonté et la résolution d’entreprendre, de créer des emplois, des richesses, un groupe d’entreprises prospère mais surtout des valeurs, une conduite de vie qu’il a lui-même héritées de son père, de ses traditions de montagnard kabyle ou qu’il s’est forgé de par sa propre expérience. C’est l’histoire de toute une vie, d’une réussite professionnelle d’un homme parti de rien, qu'Arezki Idjerouidène nous livre, avec toute la pudeur, la modestie et la retenue qui caractérisent l’homme, dans un livre aubiographique Monsieur Arezki, un destin à tire d'aile (sur lequel nous reviendrons plus en détail dans une prochaine édition), édité par Paris Méditerranée en avril 2018, une réussite fondée et appuyée sur la solidarité, l’entraide, le labeur, la confiance et l’intégrité. D’où sa valeur d’exemple, d’espoir et de source d’inspiration pour les jeunes en quête de réalisation et de réussite entrepreneuriale. Un témoignage qui prouve que rien n’est impossible, et comme le dit le proverbe kabyle qu’il aimait tant : «Pourquoi dire non alors que oui existe ?». GoFast et Weaving, c’est une affaire de tissage, de tissage de liens, de projets, de rencontres humaines. L’entreprise mère GoFast Transport, qu’il a créée en 1983, est devenue Weaving Group que dirige aujourd’hui son fils aîné, Meziane. Société de transit spécialisée sur l’Afrique à ses débuts, GoFast s’oriente rapidement vers la logistique des grands projets industriels, notamment à destination de l'Algérie, et c’est le point de départ d’une réussite française et internationale. En quelques années, l’entreprise est devenue un groupe qui a su s’imposer dans le secteur du transport en France mais aussi à l’international. L’histoire du groupe est également marquée par des créations d’entreprises comme GoFast Freight Forwarding, GoFast Travel et Hélifirst ainsi que par des rachats d’entreprises qu’il a su redresser, comme la compagnie aérienne Aigle Azur ou encore l’agence digitale Dagobert. Au fil des créations, des acquisitions et des prises de participations successives, GoFast Group devient Weaving Group. Chef d'entreprise connu et reconnu dans le secteur du transport, Arezki Idjerouidène avait fait de son entreprise un réel exemple de réussite à la française. En 2004, il est élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur par Jacques Chirac. La sortie du livre, les 35 ans du groupe Weaving et le lancement de la Fondation privée Arezki Idjerouidène, qui aura pour vocation de lutter contre les inégalités dans l'éducation, ont été l’occasion d’une rencontre organisée par la veuve et les enfants Idjerouidène rassemblant des amis, des proches, des collaborateurs de Arezki Idjerouidène de milieux divers : chefs d’entreprise, collaborateurs du groupe Weaving, artistes, journalistes… Une rencontre conviviale dans un lieu symbolique : le Musée de l’Homme. Quoi de plus parlant pour honorer la mémoire, célébrer le parcours et l’œuvre d’un homme qui, dans sa prime enfance, a connu la faim et le poids des exactions coloniales à l’adresse de son village natal, Aïfane, sur les hauteurs de Tigzirt, et de ses habitants et qui, au faîte de la notoriété et de la réussite socioprofessionnelle, est resté égal à lui-même : simple, humble, proche et à l’écoute de ses semblables quel que soit leur statut social. Une rencontre qui a permis à son fils aîné Meziane de faire le point sur le groupe Weaving, sa croissance, ses ambitions et ses perspectives de développement. Après 35 de travail acharné, de persévérance et de détermination, Weaving Group regroupe aujourd’hui plus de 200 collaborateurs et est implanté sur 4 continents, avec 14 sites au total, souligne non sans fierté Meziane Idjerouidène. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, avec 13 participations dans des entreprises prometteuses, le groupe nourrit de belles ambitions de croissance pour 2018.» «En quelques années, nous avons réussi à développer une présence forte de nos marques dans les secteurs du transport, de la logistique, du voyage, de l’investissement et de la communication. Les investissements du groupe ont pour point commun d’être le fruit de convictions fortes sur le potentiel – humain et financier – des projets portés. L’audace au service du business et un goût prononcé pour la conquête de nouveaux horizons sont les deux éléments clés qui nous permettent d’accompagner sur le long terme le développement de marques fortes», déclare encore Meziane Idjerouidène. La Fondation privée que préside Bettina Idjerouidène, la veuve de Arezki Idjerouidène, a pour vocation d’accompagner les jeunes dans leur parcours scolaire. «C’est un projet que nourrissait Arezki depuis 2006», rappelle son épouse. «Quand la maladie est venue, il nous a confié le projet, aux garçons et à moi.» «Il tenait à aider les jeunes en échec scolaire.» Dans son livre autobiographique, il rapporte qu’à la veille de prendre le chemin de l’école pour la première fois, son père le prend à part pour lui dire que c’est l’école qui le sauverait. Le premier projet de la fondation est engagé avec l’association Agir pour l’école, conceptrice d’une tablette numérique qui permet à des enfants en difficulté d’apprendre à lire. Agir pour l’école a un partenariat avec l’Education nationale française en mettant à la disposition d’établissements scolaires de zones d’éducation prioritaire des tablettes numériques. La Fondation Arezki Idjerouidène s’est associée à Agir pour l’école pour l’équipement de sept classes en tablettes numériques. D’autres projets sont en construction.  

L’Onda lance le Prix journalistique culturel pour 2019

Doté d’une valeur d’un million de dinars, le prix en question récompensera, chaque 3 mai, coïncidant avec la célébration de la Journée de la liberté de la presse, le meilleur article, le meilleur travail, ou encore le meilleur reportage, consacré
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L’Onda lance le Prix journalistique culturel pour 2019

Doté d’une valeur d’un million de dinars, le prix en question récompensera, chaque 3 mai, coïncidant avec la célébration de la Journée de la liberté de la presse, le meilleur article, le meilleur travail, ou encore le meilleur reportage, consacré aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle. C’est ce qu’a annoncé le directeur général de l’ONDA, Sami Bencheik El-Hocine, lors d’une rencontre organisée jeudi dernier à Alger, dans le cadre de la signature d’une convention entre l’ONDA et Condor, portant licence globale d’exploitation des œuvres, délivrée par l’ONDA à Condor. La convention, qui a été signée conjointement par le directeur général de l’ONDA, Sami Bencheikh El Hocine, et le représentant du groupe, Moussa Benhamadi, entrera en vigueur prochainement. Ladite convention permettra à de nombreux artistes, auteurs et producteurs nationaux et étrangers une juste rémunération, au titre de l’exploitation de leurs œuvres et prestations artistiques, et ce, dans le cadre des services de téléphonie mobile. Le directeur général de l’ONDA, Sami Bencheikh El Hocine, a indiqué que la convention dont Condor va bénéficier porte sur un tarif préférentiel. Il s’agit d’un couloir vert par lequel Condor pourra dédouaner toutes les marchandises qui sont assujetties à la redevance. «Condor, précise-t-il, pourra les dédouaner et les fabriquer à sa guise. Nous avons négocié avec Condor un montant annuel de 555 millions de dinars. Condor payera annuellement à l’ONDA cette somme». Cette licence ouverte permettra à la société Condor de fabriquer autant de supports qu’elle le désire. Il n’y aura aucun contrôle. «Il s’agit de 555 millions de dinars que Condor va payer aux artistes et aux auteurs algériens. C’est un acquis important. C’est un premier pas. Nous voulons aller vers les autres opérateurs pour mettre en place une convention. Je me réjouis et je dis que c’est une victoire pour les artistes algériens Cela va donner plus de possibilités, de moyens et de droits aux auteurs et aux artistes qui ont besoin par ces temps de difficultés, plus de soutien et d’accompagnement», ajoute- t-il. Le représentant de Condor, Moussa Benhamadi, a souligné, pour sa part, que son groupe s’engage à travers cette convention à respecter les droits de propriété intellectuelle, notamment les droits d’auteur et droits voisins. «Nous sommes, dit-il, conscients que les œuvres des artistes et autres producteurs n’ont pas de prix, toutefois, nous comptons collaborer à long terme avec l’ONDA. C’est une manière pour notre groupe de contribuer à la promotion des œuvres d’auteurs algériens». Par ailleurs, Samy Bencheikh a profité de cette occasion pour réitérer son appel en vue du respect des droits d’auteur pour l’ensemble des chaînes de télévision privées algériennes, qui continuent de diffuser illégalement.     

«Un focus sur le cinéma algérien en perspective»

A la tête du Festival international du film oriental de Genève, Tahar Houchi se dit satisfait de tout le chemin parcouru jusqu’à présent. Dans cet entretien, il revient sur l’essence même du FIFOG tout en regrettant que l’Algérie ne soit pas au ce
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«Un focus sur le cinéma algérien en perspective»

A la tête du Festival international du film oriental de Genève, Tahar Houchi se dit satisfait de tout le chemin parcouru jusqu’à présent. Dans cet entretien, il revient sur l’essence même du FIFOG tout en regrettant que l’Algérie ne soit pas au centre d’un focus. Quelle est la caractéristique de cette 13e édition du Festival international du film oriental de Genève ? La principale caractéristique de cette édition met à l’honneur les femmes. Nous avons voulu mettre à l’honneur cette année l’Iran. Un festival n’est pas un alignement de films sans cohérence aucune entre les films. C’est une sorte de tableau ou un ciel étoilé où les lumières se dardent. Quand nous regardons la programmation du FIFOG, il y a des films et des correspondances entre eux. Nous choisissons une thématique à la fin d’un festival pour essayer de trouver des films qui répondent à cette thématique. Cette année, c’est les femmes et la jeunesse. Pourquoi les femmes ? Ce n’est aucunement pour surfer sur l’actualité dominante, en l’occurrence le buzz médiatique créé par les dénonciations à Hollywood. Nous avons voulu plutôt mettre en valeur le travail de femmes qui travaillent dans des conditions beaucoup plus compliquées et complexes et où le simple fait de prendre une caméra ou de dire un mot, vous vaut l’anathème ou l’exclusion, voire la mort. Pourquoi la jeunesse ? La jeunesse est une part de la société qui est exclue dans beaucoup de pays, notamment en Orient. A travers des courts-métrages que nous considérons comme des coups de cœur et comme des créations sans compromis, les jeunes arrivent à dire sans calcul leurs pensées et leurs émotions. Il y a plus d’authenticité dans un court métrage que dans un long métrage. Nous avons voulu, comme chaque année, les mettre en valeur.   Le cinéma iranien est reconnu à l’international pour sa prolifique production et sa confrontation à la censure. Cela explique-t-il votre choix de mettre ce pays à l’honneur cette année ? L’Iran est à l’honneur pour cette édition 2018 parce que le festival met chaque année à l’honneur un pays. Nous avons fait par le passé un focus sur le Liban, l’Afrique du Nord et sur le Moyen-Orient. Il était temps après 13 ans d’existence du Fifog de nous arrêter sur l’Iran. L’Iran est un pays qui produit beaucoup de films dont la qualité est indéniable. Nous avons voulu le mettre en valeur avec tous les honneurs. La seule caractéristique et différence par rapport au cinéma iranien qui s’impose un peu partout, nous avons voulu plus chercher des films de femmes ou encore d’hommes qui parlent des femmes. Ce n’est pas facile en Iran pour une femme de produire, de réaliser et de travailler dans l’industrie cinématographique qui est dominée par les hommes. Nonobstant, nous avons trouvé des réalisatrices, des productrices, des monteuses et des distributrices. Ce n’est pas représentatif. Cela ne veut pas dire qu’il y a une très bonne place de la femme en Iran. C’est seulement pour dire que les femmes sont présentes et travaillent malgré la difficulté.   Parlez-nous du festival en chiffres... Nous avons 102 films tous genres confondus avec huit compétitions, tous genres confondus. Dans la compétition officielle, il y a 6 femmes sur 7. Dans le jury, il y a 13 femmes sur 15. Il y a trois compétitions scolaires et deux compétitions pénitentiaires dans la catégorie court-métrage, documentaire et fiction. Nous avons 25 lieux de projection, 200 partenaires et 80 invités en provenance de l’Orient et de l’Occident. 30 pays sont présents, entre autres l’Algérie, l’Afghanistan, Allemagne, Arabie-Saoudite, Belgique, Bangladesh, Bulgarie, Canada, Burkina Faso, Chine, Egypte, Espagne, Etats-Unis, France, Finlande, Grèce, Hollande, Irak, Iran, Italie, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Qatar, Russie, Tchécoslovaquie, Tunisie, Turquie, Suisse Sur quels critères s’est faite la sélection des films ? C’est un travail qui s’est fait pierre par pierre sur une année. Il y a des films que nous découvrons directement dans les festivals dans lesquels nous sommes présents. Il y a, également, des gens qui nous envoient leur film à travers notre site internet ou encore par des connaissances qui sont des consultants directs ou indirects qui nous informent sur la sortie des films. Nous suivons par la suite tout un processus pour ramener les films qui nous intéressent. Toute personne qui vient au Fifog finit par être dans un réseau plus ou moins dormant parfois, et d’autres fois il s’active pour signaler un film. Il y a tout un processus à suivre pour avoir un film. Il faut parler au distributeur, au producteur et au réalisateur. C’est tout un processus qui s’enclenche pour avoir au final un film au Fifog, le partager et en débattre avec le public. Quel bilan pourriez-vous faire au bout de cette 13e édition du Festival international du film oriental de Genève ? Quand vous lancez au départ un festival, les gens vous regardent avec un œil sceptique. C’est frileux. Parfois certaines personnes pensent que c’est une boutade sauf ceux qui connaissent la grande histoire du FIFOG. On remarque souvent que les idées finissent par s’imposer au monde. Elles sont lancées par un petit groupe. Je pense notamment à Mao Tsé Toung qui s’est réuni avec une poignée d’hommes et qui a fini par imposer des idées qui sont encore d’actualité en Chine. Nous avons commencé, au tout début du festival, par 8 courts-métrages sur deux jours dans un lieu avec deux invités et nous avons fini aujourd’hui avec 100 films, plus de 200 partenaires, 25 lieux de projection. Nous avons pénétré des institutions qui sont sérieuses. Pour qu’on vous laisse pénétrer l’école, qui est un domaine extrêmement sensible, c’est que vous avez gagné en crédibilité. Quand on vous laisse entrer dans un lieu carcéral pour montrer des films à des prisonniers et en débattre avec eux, il faut une énorme confiance et une crédibilité dans le travail que vous fournissez. Nous avons mesuré l’intérêt et le progrès que nous avons suscités. Nous pouvons, aussi, mesurer la satisfaction qu’on peut ressentir après de longues années de travail. Chaque année, nous misons pour une nouveauté. Nous sommes attentifs à tout ce qui se passe dans le monde et dans les pays où nous puisons nos films. Nous essayons de nous inspirer de ce qui se passe dans le monde. Voire même d’essayer de prévoir ce qui va se passer dans le monde. Il nous est arrivé de faire une thématique avant les révolutions arabes sur la répression d’une minorité sous toutes ses formes. C’est juste une simple constatation sociologique. Quand on réprime une personne alors que le vent de la liberté souffle partout, nous finissons, justement, par avoir un problème. A titre d’exemple, nous avons commencé à travailler vers le mois de mai 2017 sur la thématique, et en janvier le monde du cinéma s’est retrouvé secoué par les scandales sur les femmes en Occident. Nous avions anticipé les choses. Chaque année, nous sommes attentifs en fonction de l’intérêt de la production d’un pays car pour faire un focus sur un pays, il faut d’abord une production et la disponibilité des partenaires. A partir de l’ensemble de ces données, nous décidons de poursuivre des projets. Au début, nous avons en tête plusieurs idées et lignes directrices. Certaines sont abandonnées en cours de route. D’autres sont réalisées parfois en fonction du hasard ou de l’intérêt des personnes que nos avons sollicitées pour collaborer.   Certains films algériens sont en compétition à la 13e édition du Fifog, mais la logique aurait voulu qu’il y ait un focus sur l’Algérie au Fifog... Je dirais de prime abord qu’il y a des choses qui sont incompréhensibles parce que nous avons perdu beaucoup de temps l’année dernière. Nous avions même annoncé dans la presse que nous allions faire un focus sur le cinéma algérien. J’ai rencontré le ministre de la Culture algérien à deux reprises. Au final, il n’y a pas eu de répondant. Nous avons l’impression que personne n’est impliqué et encore moins intéressé. Du coup j’ai des comptes à rendre à un comité. Je ne vais pas leur dire que je veux faire un focus sur l’Algérie alors que je n’ai aucun écrit et réponse concrète. Je me suis dit que de toutes les façons faire un focus sur l’Algérie, je pouvais le faire sans passer par les officiels mais me servir de mes relations avec les réalisateurs. Sauf que quand on veut faire un focus sur l’Algérie, on montre aussi des films qui sont entre les mains du ministère de la Culture algérien. Je pense, notamment, aux classiques des films algériens Tahia ya Didou de Mohamed Zinet Ils sont disponibles en version numérique mais visiblement, c’est pour les stocker. J’avais un projet beaucoup plus large pour l’Algérie. Diffuser ces films dans le cadre du Festival international du film oriental de Genève, à la Cinémathèque de Suisse et dans un centre culturel à Zurich. Ces films auraient pu voyager avec des invités à travers toute la Suisse et en faire une vitrine impressionnante pour l’Algérie. Quand nous avons constaté qu’il n’y avait pas de répondant, nous avons dû interrompre ce beau projet. Ceci étant, nous ne perdons pas espoir. Nous sommes toujours intéressés de mettre l’Algérie en avant-plan, mais je ne suis pas sûr de convaincre les partenaires zurichois et de la Cinémathèque pour me suivre dans une autre entreprise qui a capoté. Mais pour le Fifog, nous souhaiterions toujours présenter les films classiques algériens.

Quand un plat dépasse la politique

Le couscous est algérien ? Marocain ? Tunisien ? Qui maîtrise les meilleures techniques ? Quel est le meilleur couscous ? Stop ! Fini les débats sur les origines du couscous ; désormais, ce plat est déclaré patrimoine maghrébin commun et sera bi
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Quand un plat dépasse la politique

Le couscous est algérien ? Marocain ? Tunisien ? Qui maîtrise les meilleures techniques ? Quel est le meilleur couscous ? Stop ! Fini les débats sur les origines du couscous ; désormais, ce plat est déclaré patrimoine maghrébin commun et sera bientôt classé ainsi. En janvier dernier, des chercheurs algériens ont annoncé plusieurs rencontres d’experts maghrébins qui discuteront d’un projet commun : l’inscription du couscous au Patrimoine mondial de l’humanité. Qu’on l’appelle t’aâm, seksou, kseksou, cousksi, berboucha…, le couscous est le plat qui unit différentes populations depuis des millénaires. Mais depuis plusieurs années, ces populations se débattent pour s’approprier l’origine de ce plat emblématique de la région maghrébine. Spécialement l’Algérie, la Tunisie et le Maroc où le sujet a toujours suscité des coups de gueule et des polémiques lors des manifestations culturelles et culinaires comme sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, la course prend fin avec plusieurs vainqueurs ! Le couscous n’appartiendra plus à aucun pays du Maghreb, mais rassemblera toutes ses populations. Des scientifiques et des chercheurs algériens l’affirment. En effet, le 22 janvier dernier, Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), a annoncé que des experts des pays du Maghreb allaient se réunir pour un projet commun : le classement du couscous au Patrimoine commun de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Un classement qui pourra peut-être adoucir les relations diplomatiques entre certains pays et calmer la guerre du classement et du patrimoine entre leurs populations. Pour Ouiza Gallèze, maître de recherches au CNRPAH, si ce plat mérite d’être inscrit au patrimoine humain universel, c’est grâce aux échanges qui sont la coutume de l’homme depuis des siècles. Mais il reste exclusivement berbère. «Il faut l’authentifier comme tel. Il est aussi mondial, pour cela il est important de mettre en place une ligne rouge pour visualiser son évolution, sans vouloir la changer ou la figer», assure l’experte. Symbolique Et Ouiza Gallèze d’ajouter : «Le classement n’est qu’un temps d’arrêt théorique dans l’histoire de celui qui opère. C’est lui qui prend conscience de cette valeur patrimoniale et se trace un programme de mise en valeur en organisant les événements comme celui de se vendre mais à un niveau plus important, plus varié et plus dynamique. Bref, plus coloré, à l’image de la région.» Par ailleurs, si cette reconnaissance concernera plusieurs pays — l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Mali — c’est grâce à la symbolique du couscous qui les rassemble depuis des millénaires. L’experte Ouiza Gallèze affirme que cette symbolique est forte et représentative au niveau de la région. Pour elle, le couscous est beaucoup plus qu’un plat culinaire ; c’est un composant essentiel de l’identité culturelle. Il symbolise le partage, l’offrande communautaire et l’esprit de fête. Il rassemble et marque les grands événements heureux ou tragiques, au niveau familial et au niveau des traditions vécues dans les campagnes et aussi en ville. «Le couscous est un des plus importants plats dans les habitudes alimentaires du Maghreb et y est une tradition très ancienne. D’ailleurs, Ibn Khaldoun en a fait un composant essentiel dans la définition du Berbère ou de l’Amazigh quand il a dit “Le berbère est celui qui porte le burnous et mange le couscous…”», explique la chercheure. Aussi, ce plat est un signe d’honneur qui distingue le bon chef par le choix de la bonne épouse. «Une légende  raconte qu’un chef de tribu quelque part dans ce vaste Afrique du Nord menaça sa femme, une étrangère nouvellement convertie à l’islam, de la tuer si elle ne lui préparait pas un couscous...» Couscoussier Et si l’on en est arrivé à cette symbolique c’est après plusieurs millénaire d’habitudes et de traditions. Mais dans le cas du couscous, il est impossible d’identifier un commencement ou une datation de cette tradition. «Comme le veut l’histoire, cette région est caractérisée par son blé, par voie de conséquence, elle engendre ou produit tout ce qui a trait au blé dur ou tendre, entier ou moulu, complet ou raffiné. Le couscous en fait partie», poursuit Ouiza Gallèze. Selon les scientifiques du CNRPAH, le couscous est né en Afrique, d’une origine purement amazighe. Les Arabes, eux, ont découvert et adopté la semoule lors de leur conquête de l’Afrique du Nord. Des fouilles, dans la région de Tiaret, ont permis la découverte d’ustensiles divers datant du IXe siècle, notamment un couscoussier. L’introduction du couscous dans la péninsule ibérique daterait de la période de la dynastie berbère des Almohades, au XIIIe siècle. Et sa popularité se propage alors rapidement en Espagne et au Portugal. Bien avant le colonialisme français, Rabelais en parle dans Pantagruel (1532) en l’appelant «couscoussou», alors qu’Alexandre Dumas, dans son Grand Dictionnaire de cuisine, l’appelle «coussou coussou». Sa consommation se répand réellement sur la rive nord de la Méditerranée au XXe siècle, par le biais des familles algériennes qui ont commencé leur migration vers le nord lors de la Première Guerre mondiale, puis les pieds noirs qui l’ont emporté dans leurs bagages après 1962, ainsi que les juifs maghrébins. Le couscous devient enfin le troisième plat préféré des français, selon une enquête réalisée en février 2014 pour le magazine Journal des femmes. Pétrole Selon Ouiza Gallèze, le couscous a résisté au temps, à l’oubli et aux changements des peuples à travers son internationalisation : «On ne peut aider le couscous à résister au changement, il a résisté sans nous. C’est justement son internationalisation qui lui a donné cette force.» Et si sur le terrain, on ne peut rien faire de concret pour garantir sa préservation, à l’intérieur des familles, il y a beaucoup à faire : «Tout doit se faire dans l’amont. Les familles, les cultures locales doivent continuer à faire ce qu’elles font très bien.» L’experte du CNRPAH ajoute qu’«il ne s’agit pas de décréter pour faire évoluer une tradition, la tradition n’obéit pas à l’esprit de loi. Il faut la laisser faire et la suivre pour la comprendre. Il faut écouter la société civile pour savoir ce qu’elle veut après l’avoir formée bien sûr, parce que là ce situe le problème de toutes les populations : la formation». Par ailleurs, de par son histoire et sa symbolique, le couscous est dans étendue, selon Ouiza Gallèze, plus importante que le pétrole. Car si le pétrole a un début et une fin, le Couscous, lui, n’en a pas. «Le couscous n’a pas de début et calme la faim. Le pétrole a été découvert par des machines sophistiquées, le couscous se trouve naturellement au fond de chacun d’entre nous. Si un jour il n’y a plus d’industrie pétrolière, supplantée par une autre forme d’énergie, il n’y aura plus d’économie pétrolière, mais tant qu’il y aura des terres et des mères au Maghreb, elles feront du couscous pour que les générations survivent à la disparition de l’économie pétrolière pour se reconstruire.» La chercheure explique : «L’histoire est un bon maître, soyons donc de bons élèves. Massinissa, constructeur du plus grand pays d’Afrique, a vendu du blé à l’Europe, Rome a fait de nous son grenier, d’ailleurs une des raisons de la colonisation de l’Algérie est le blé algérien. Alors le blé est l’avenir de ce pays comme il a été la gloire de son passé.» Par contre, par effet de modernisation, le couscous s’est industrialisé. Industrialisation Et là où s’arrête la tradition commence l’économie industrielle. C’est le challenge à venir. Le couscous n’a plus de frontières ; on le trouve sur les cinq continents. Et des machines peuvent produire du très bon couscous. Il s’est aussi enrichi, puisqu’on le trouve associé à toutes les viandes. Quant au rôle de l’inscription, des intellectuels et du travail en amont en général, affirme l’experte, c’est de continuer à faire ce distinguo. «L’Etat, s’il doit faire quelque chose, doit trouver des mécanismes pour encourager et mettre en valeur la ‘tradition de faire le couscous’ et non pas simplement ‘le plat du couscous’, par des encouragements spécifiques, non pas spécialement financiers, pour que la femme ne laisse pas la place à la machine. Le couscous est une histoire, c’est une appartenance, c’est un goût, c’est un partage, c’est un événement, c’est un souvenir.»

L’idéal pour moi est de préserver aussi bien dame nature

Wassila Alilatene, artiste-photographe, dévoile une partie de ses voyages dans d’une exposition qu’elle organise depuis hier au palais des Raïs, au bastion 23 d’Alger. Pour le plaisir des yeux, rendez-vous est pris jusqu’au 11 mai courant. - «Fr
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L’idéal pour moi est de préserver aussi bien dame nature

Wassila Alilatene, artiste-photographe, dévoile une partie de ses voyages dans d’une exposition qu’elle organise depuis hier au palais des Raïs, au bastion 23 d’Alger. Pour le plaisir des yeux, rendez-vous est pris jusqu’au 11 mai courant. - «Fragment de la nature» ; il s’agit de votre première exposition en Algérie... C’est ma première exposition en Algérie, qui sera mon point de départ pour une présentation itinérante de mes photos prises un peu partout, avant qu’elle ne prenne d’autres destinations, notamment dans les pays du bassin méditerranéen. Je voulais montrer les paysages qui sont similaires au nôtre et qui sont source de captivité des touristes à l’affût de renouveau et avides de nouvelles sources d’inspiration. La nature reste le seul lieu de refuge, nourricière à plus d’un titre. - Pourquoi le choix de la nature spécialement ? Mon choix s’est porté sur la nature parce que nous avons besoin de voyager et de voir d’autres paysages, qui nous apaisent et nous permettent de nous ressourcer. Cette expo n’est qu’un fragment de cette source d’inspiration et d’apprentissage intarissable de la nature que j’ai souhaité partager avec le plus grand nombre. J’offre aux visiteurs qui, je l’espère, seront nombreux, un voyage à travers mon regard et à travers ce thème qui me tient tant à cœur depuis fort longtemps - S’agit-il d’un choix de plusieurs pays que vous avez visités fait préalablement ou d’une sélection d’un carnet de voyage ? J’ai choisi des fragments de la nature sous différentes facettes de ma photothèque qui compte plus de dix mille lieux et effets de lumière de quatre pays de la Méditerranée tant recherchés comme destination de voyage, par entre autres, nous les Algériennes et Algériens. Notre patrimoine naturel est aussi riche, varié et commun et pourra être source d’inspiration et de quiétude pour d’autres étrangers qui peuvent s’y abreuver. - Mais le choix de La Casbah ne répond pas à la thématique choisie... Durant mon dernier voyage, j’ai invité des amis étrangers, ils ont été émerveillés par notre patrimoine architectural de La Casbah. En Algérie, l’évocation de La Casbah est synonyme de préservation d’un patrimoine du passé, une problématique qui anime notre actualité culturelle. Voici pourquoi j’ai également associé à mon sujet de fond quelques tableaux de La Casbah qui fédère autour de cette préservation. - Quel message voulez-vous véhiculer à travers cette exposition L’idéal pour moi est de préserver aussi bien la faune que la flore ; l’environnement naturel dans lequel nous baignons ne doit pas être détruit par la main de l’homme, il faut penser aux générations futures. La nature est aussi riche que variée ; dans mon exposition, il y a près d’une quarantaine de tableaux qui portent chacun un sujet différent entre la macro, l’abstrait, le magnétisme, l’énigmatique, le figuratif, la sublimation du beau, et je n’en dirai pas plus car il faut voir l’expo.  

38 ème anniversaire du printemps berbère : Les Amazighs de Valence au rendez vous.

Les berbères de Valence ont  célébré le week end passé ,  le 38ème anniversaire du printemps berbère «Tafsut imazighen». Ils se sont donnés rendez vous dans la salle de concert «Agora Live» ,qui se trouve  dans  la localit
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38 ème anniversaire du printemps berbère : Les Amazighs de Valence au rendez vous.

Les berbères de Valence ont  célébré le week end passé ,  le 38ème anniversaire du printemps berbère «Tafsut imazighen». Ils se sont donnés rendez vous dans la salle de concert «Agora Live» ,qui se trouve  dans  la localité de Aldaia ,  aux alentours de la ville de Valence , en Espagne. Espagne De notre correspondant Pour marquer le double anniversaire du printemps Berbère «Tafsut imazighen» et du printemps noir,  l´association berbère de Valence «Timlilth,  Rencontre», avait concocté un programme riche en activités, en  organisant un concert de musique et une  projection d´un documentaire qui retrace les événements du printemps noir  de 2001. La salle a été soigneusement  décorée  par des objets et produits artisanaux (Bijoux traditionnels, habits traditionnels, et poterie.. ),  pour spécialement créer une atmosphère digne de cet événement. Avant le début de la fête , les présents ont  observé une minute de silence pour rendre  hommage aux victimes du printemps noir, «Tafsut Taverkant». Des artistes locaux issus de la communauté kabyle en Espagne ont longuement envoûté les assistants à l’occasion de ce printemps qui a coïncidé  cette année avec le week-end, ce qui a permis à un large public d’assister aux festivités, notamment les familles des écoliers. La célébration de ce double anniversaire  a commencé par une chorale formée d´une dizaine de femmes kabyles, résidentes à Valence , qui ont pour cette occasion vêtues leurs plus belles robes kabyles aux couleurs flamboyantes. Elles ont parfaitement  interprété  des chansons très connues  du publique, notamment  «takemicct » , de la diva de la chanson kabyle , Nouara , « idourar »du defunt  Matoub lounes , «afroukh» de slimane Azem, et la chanson« Ajthiyi» du chanteur Ali Ideflawen.  ce répertoire a transporté les assistants  venus de Valence et environs , pendant un moment, vers les montagnes de la Kabylie. Les enfants quant à eux ont su bien profiter de cet événement. Une aire de jeux a été spécialement réservée pour eux et ils ont participé à un  atelier de peintures de visages et un autre atelier pédagogique de calligraphie autour de tifinagh . Ils ont par ailleurs sur scène interprété « Assendu »,  du chanteur  kabyle «Idir» . «Nous sommes vraiment contents. La commémoration de cette date historique est symbolique à plus d'un titre» . nous a déclaré Abderrahmane Mammeri, le président de l´association « Timlilith».« C’est un jour spécial qui représente un pan de notre identité et de notre lutte pour la démocratie»,  ajoute t- il.

Vu à la télé : Le système «multi-unique» de Bouteflika !

Dans l’inventaire laconique de ses réalisations rendu public à l’occasion du 1er Mai, Bouteflika a notamment vanté son bilan politique qu’il considère comme très positif. «Au plan politique, la consolidation de notre système démocratique plu
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Vu à la télé : Le système «multi-unique» de Bouteflika !

Dans l’inventaire laconique de ses réalisations rendu public à l’occasion du 1er Mai, Bouteflika a notamment vanté son bilan politique qu’il considère comme très positif. «Au plan politique, la consolidation de notre système démocratique pluraliste et la promotion des droits et libertés ont été couronnées par l’amendement constitutionnel de 2016» a-t-il affirmé sans la moindre circonspection. S’il y a un domaine où précisément le bilan du chef de l’Etat est assimilé à un véritable fiasco, c’est bien celui de la politique où toute entreprise pluraliste a été systématiquement neutralisée et férocement combattue depuis son arrivée au pouvoir. Bouteflika parle de système démocratique alors qu’il a mis en place tout un dispositif répressif pour annihiler toute forme de contre-pouvoir susceptible de remettre en cause la pensée unique. Au demeurant, notre Président qui aspire à rempiler pour un cinquième mandat après avoir transgressé à deux reprises la loi fondamentale du pays pour la mettre à son service, a toujours régné avec cette constance idéologique de la pensée unique en dépit du fait qu’il a trouvé, lorsque les militaires l’ont intronisé, le pays déjà installé dans le multipartisme. Au lieu de renforcer cet acquis démocratique en élargissant les voies de la pluralité politique, il s’évertua au contraire à limiter les libertés tout en continuant à prôner les vertus du pluralisme auquel il n’a jamais cru ni adhéré. C’est donc subtilement qu’il a réussi à inventer une nouvelle doctrine qui pourrait être un condensé de deux tendances diamétralement opposées et qui pourrait s’appeler le…  «multi-unique». C’est une doctrine qui, selon son auteur, s’appuie formellement sur la pluralité politique, mais qui en vérité fonctionne selon les bonnes recettes de la pensée unique telle celle qui a nourri le concept idéologique du vieux parti depuis qu’il s’est fondu dans le rapport Parti-Nation pour devenir un redoutable appareil de domination. Bouteflika évoque en réalité le multipartisme comme un sacerdoce politique de pure forme pour avoir bonne conscience vis-à-vis de l’opinion internationale. Dans les faits, sa méthode de gouvernance n’a rien à envier à celle qui prévalait au temps du parti unique. Si le FLN est toujours présent comme première force dans un système de pluralité où tous les autres antagonistes sont relégués au rang de figurants pour remplir la grille, donc comme principal acteur par lequel est contrôlée la scène politique, la nouveauté introduite est que l’héritier actuel du vieux parti n’a plus tout à fait le monopole de l’initiative puisqu’on lui a adjoint des partenaires chargés de la même mission que lui. On cite ici le RND comme deuxième force motrice de l’ordre pyramidal et avec lui tous les minuscules partis satellites qui gravitent autour du «programme du Président» et par lesquels on veut absolument faire accréditer la thèse selon laquelle le système politique de Bouteflika est foncièrement pluraliste et librement ouvert aux choix et aux engagements qui convergent vers lui. Comme quoi des partis comme le MPA et TAJ qui aspirent à faire partie d’une grande alliance partisane pour défendre les positions du Palais ont adhéré à la matrice sans qu’il y ait le moindre soupçon d’allégeance ou de soumission. Autrement dit, ni Benyounes ni Ghoul ne seraient redevables à Bouteflika alors que tout le monde sait que sans l’appui de la présidence, ces deux «personnalités» politiques et leurs formations n’auraient jamais pu prétendre à des places aussi confortables au sein de la classe politique. En servant le détenteur et le propagateur de la pensée unique en échange d’une notoriété préfabriquée, voire factice, ils portent un rude coup au multipartisme authentique qui se construit non pas sur la base d’une subordination éphémère, mais sur un combat d’idées, de convictions et de sacrifices. On est loin donc du pluralisme de pacotille prêché par Bouteflika qui, même en prenant la forme d’une coquille vidée de sa substance, trouve aisément toutes les conditions pour s’énoncer alors que les défenseurs des droits aux libertés et à l’expression plurielle voient de jour en jour leurs espaces de concertation militante se réduire comme peau de chagrin. Le système «multi-unique» reste conquérant dans un pays qui aspire profondément à la démocratie et dans lequel la pluralité politique est verrouillée quand elle n’est pas violemment réprimée. De quel pluralisme parle Bouteflika lorsque lui-même dresse les barrières pour empêcher que l’alternance au pouvoir devienne une réalité ? Mais comment accéder à cette alternance lorsque les partis d’opposition sont soumis aux pratiques d’étouffement les plus insidieuses dans le but de les empêcher de grandir et devenir des forces de proposition capables de gouverner ? Bouteflika promu à un cinquième mandat, le message est frappant, c’est encore davantage une ferme résolution pour réduire le multipartisme à néant que la recherche d’une énième gloriole pour un Président qui est déjà depuis longtemps à bout de souffle. Qui veut-on leurrer en dressant un bilan politique aussi élogieux alors que les partis non arrimés au cercle présidentiel n’arrivent même pas à avoir une salle pour tenir leurs réunions, et de surcroît n’ont que rarement accès aux médias publics pour faire entendre leur voix ? Mais les libertés fondamentales qui incarnent ce pluralisme et lui donnent toute sa consistance ne concernent pas que la classe politique. Ce sont les syndicats autonomes, les associations et les médias indépendants qui souffrent de la banalisation du concept et qui dans leurs activités rencontrent les pires difficultés pour s’émanciper. En termes plus clairs, le pluralisme en Algérie est devenu par la force des choses et du jeu machiavélique des tenants du système une énorme escroquerie intellectuelle qui fait largement les affaires du Pouvoir autocratique. Pour preuve du mépris accordé aux idées contradictoires qui constituent la sève de la pluralité, et un des fondements de la démocratie, Bouteflika n’a jamais débattu avec les partis d’opposition, n’a jamais rencontré les représentants de la presse indépendante, et on voudrait bien se souvenir du jour où il a mis les pieds dans l’enceinte de l’Assemblée nationale «pluraliste» pour rencontrer les élus du peuple. Produit du système du parti unique dans lequel il s’est formé et a affiné sa personnalité, il a du mal à concevoir que d’autres idées, d’autres voix peuvent être plus efficientes que les siennes. Dans l’intérêt du pays bien entendu…

Une fusion éclectique

Une expérience inédite pour la jeune chanteuse Taous Arhab, qui explore d’autres influences musicales. Illi-Kem (Sois !) est le titre d’un nouvel album que vient de mettre sur le marché le producteur Nadir Guendouli. Un mélange de rythmes bien fice
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Une fusion éclectique

Une expérience inédite pour la jeune chanteuse Taous Arhab, qui explore d’autres influences musicales. Illi-Kem (Sois !) est le titre d’un nouvel album que vient de mettre sur le marché le producteur Nadir Guendouli. Un mélange de rythmes bien ficelé, composé de 9 titres auquel participent deux invités de marque : Mohamed Allaoua, dans la chanson Yeqqar-iy- id (Il me dit), et Rachid Koceila, dans Mennes  (Désirs). Cette expérience musicale innovatrice de Taous Arhab, dont l’arrangement est confié au maestro Safy Boutella et l’écriture des textes à Hamid Moualhi, n’omet pas de remettre au goût du jour d’anciennes chansons, comme l’indémodable hit de Cheikh El Hasnaoui A tihdayin, en hommage à la femme algérienne.  L’entame de l’album de la jeune interprète, née en 1986 à Aït Frah (Larbaâ Nath Irathen), Tiziri (Attente) est un titre autobiographique à double sens, dans lequel elle revient sur sa vie, fixe un revers sentimental et témoigne d’un amour raté puisque exclu. Elle fixe son passé et évacue sa colère. Un aveu spontané afin d’exorciser les contraintes qui assaillent son cœur et, aussi, un message conscient et plein d’espoir. Le grand amour rejaillit dans le duo avec Mohamed Allaoua, Yeqqar-iyi-d (Il me dit), une belle valse qui manifeste une émotion d’entente et d’affection. Les autres titres du CD  dévoilés aux journalistes dimanche dernier à l’hôtel Ittourar de Tizi Ouzou sont : Amarazg-ik (Nonchalant), Liferê’iw (Medisance), Anda Tellid (Absence), Attrajugh (sursis), Yidek (avec toi). «Cela fait trois ans qu’on a commencé à travailler cet album. La voix de Taous Arhab est si particulière, si intéressante qu’elle m’a donné envie de la partager. C’est une chanteuse exceptionnelle qui veut sortir des sentiers battus. Elle a accepté de prendre  une autre route, parce qu’elle est audacieuse. Même si elle devait perdre une partie d’un public, je suis sûr qu’elle en gagnerait un autre. Folklorique ou pas, moderne ou pas, c’est un choix que je me suis autorisé afin d’offrir aux oreilles du monde ce qu’on a comme voix magnifiques. J’avais en charge de faire ce travail en y croyant fortement», décrypte Safy Boutella lors de la conférence de presse. La touche du maestro Taous Arhab revient sur la collaboration avec son arrangeur : «Une expérience inédite dans ma quête d’autres influences musicales qui se veut à la fois actuelle dans son identité et authentique dans son universalité.» Elle poursuit : «La décision a été prise avec Nadir Guendouli, le producteur, qui a fait écouter ma voix à Boutella. Nous avons mis 3 ans pour achever cet allbum. C’est une belle aventure. Je suis née dans une famille qui adore la musique. Je suis kabyle, j’ai des influences sans préférence pour tel ou tel style.» Nadir Guendouli  précise au sujet du retard mis pour la sortie de cet album annoncé en décembre 2016 : «Nous avons pris le temps qu’il fallait. L’album est en vente  depuis une semaine. Nous comptons aussi réaliser des clips. L’artiste doit aller vers le public. La priorité de l’heure est d’assurer une bonne distribution de ce produit et une présence sur le Net, aller vers les autres afin de gagner en visibilité.» L’auteur des textes de l’album, Hamid Moualhi, ne tarit pas d’éloges sur Taous Arhab, l’une des voix marquantes de la nouvelle scène artistique algérienne d’expression kabyle et la virtuosité de Safy Boutella, directeur artistique et arrangeur du CD qui a donné beaucoup de punch  à ce travail artistique, produit par Sirocco Records (Algérie) et Blue Sound Diffusion (France). Présent à la conférence de presse, Karim Abranis, qui répondait à la question d’un confrère, n’exclut pas une éventuelle collaboration avec le propulseur du raï à l’international, avec Khaled dans l’album Kutché. «Rien n’est impossible. On aime travailler à coup de cœur. Ce sera un plaisir et un honneur de partager une œuvre musicale avec le maestro Safy Boutella. Si l’idée venait à se concrétiser, ce serait un heureux événement. Boutella n’est plus à présenter.» Passionnée de musique dès son jeune âge, Taous Arhab enregistre son premier album à 14 ans. En 2005, elle rencontre Nadir Guendouli, producteur et compositeur, qui prendra en charge son 2e album Ayimawlaniw (Ô mes parents), en associant au projet le poète Hamid Moualhi et Karim Yeddou, compositeur. Elle participe à des galas au Zenith de Paris et en Algérie. Langue sincère et esprit libre, la pétillante chanteuse des Ath Irathen signe, en 2018, un troisième opus riche en sonorités, une fusion jazz, blues et kabyle. Vieux routier de la musique algérienne, Safy Boutella est compositeur, musicien, chanteur, conducteur d’orchestre, arrangeur, illustrateur de fictions, initiateur de fêtes. Un CV très riche. En 1987 l’album Kutché réalisé avec Cheb Khaled connaît un succès international. Il revisite le répertoire de Nass El Ghiwan, lors d’une création réalisée pour le dixième anniversaire du festival marocain Mawazine, à Rabat.  Il compose par ailleurs  plus de 70  musiques de film.  

Béchar : Colloque sur le roman algérien

La forte présence des écrivaines et romancières à ce 2e colloque international sur le roman algérien «Entre tradition et modernité», hier et avant-hier, n’a pas manqué de susciter dès son ouverture les questions suivantes: la femme algérienne éc
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Béchar : Colloque sur le roman algérien

La forte présence des écrivaines et romancières à ce 2e colloque international sur le roman algérien «Entre tradition et modernité», hier et avant-hier, n’a pas manqué de susciter dès son ouverture les questions suivantes: la femme algérienne écrit-elle en tant qu’écrivaine ou en tant que femme avec sa sensibilité féminine ? Pourquoi écrit-on, alors que l’on ne lit plus comme avant ? La réponse à ces questions a été donnée par les premières intervenantes qui défendent l’écriture de l’écrivaine, non pas en tant que femme mais en tant qu’auteure, une écriture, assurent-elles, qui jette un regard sur la société, la vie, le temps et aussi sur les inquiétudes de la société. C’est l’avis tranché et sans équivoque de Nadia Sebkhi, écrivaine, directrice de la revue littéraire Livresque et animatrice de forum littéraire en Algérie. «On continue à écrire, dit-elle, même si on ne lit plus comme avant et même si, comme le prédit une récente étude scientifique canadienne, affirmant que le roman est appelé, dans quelques années, à disparaître». Pour elle et les auteures présentes, l’écriture est avant tout un besoin, une résistance pacifique et sereine pour exprimer ce qu’elles ressentent. «Les femmes écrivaines n’ont pas toutes les motivations lorsqu’elles écrivent. Elles ne partent pas aussi du fait qu’elles sont du sexe opposé, mais pour dénoncer, comme les hommes, une réalité, une situation insupportable ou se positionner dans la société en tant que femmes», nuance Maïssa Bey, auteure algérienne de nombreux ouvrages. L’auteure de Hizya ajoute, dans son intervention intitulée «Ecriture de dedans et écriture de dehors», que l’écrivaine exprime le besoin féminin d’écrire pour éviter de plonger dans l’anxiété et briser la violence du silence tout en empruntant un style à la fois sensible et fragile. Magdaléna Malinowska, maître de conférences à l’université de Silésie à Katowice (Pologne), a fait une communication sur «L’écriture de corps chez les romancières». Pour sa part, son compatriote Jedrzej Pawlicki, maître de conférences à Poznan. La Pologne et l’Algérie, bien qu’éloignées géographiquement et culturellement, se ressemblent et se rejoignent sur la tradition qui pèse lourdement sur la société. «En Pologne, avoue-t-il, une catégorie de la société s’aligne sur la religion pour rejeter la modernité en s’affichant contre les droits des femmes importés d’Europe occidentale. Mais, il y a, ajoute-t-il, comme en Algérie, une forte aspiration vers une évolution à la modernité». Et de citer Joanna Bator et Olga Tokarczuk, les deux célèbres écrivaines polonaises à l’avant-garde des libertés individuelles. Une intervention aussi remarquée de Karen Bower, professeure de littérature de San Francisco, intitulée «A la rencontre d’Amina Mekahli» et bien d’autres intervenantes venues de Pologne, de France, d’Egypte, des Etats-Unis et d’Algérie. Ce colloque a été organisé par la faculté des sciences littéraires de l’université de Béchar Tahri Mohamed, en collaboration avec Benaouda Labdaï, professeur, et Sabrina Yabdri, universitaire.  

«Il avait le cœur qui palpitait pour l’Algérie»

Sa ville natale, son obsession romanesque, Constantine, lui devait un hommage à sa hauteur. Noureddine Saâdi, l’écrivain de talent, l’universitaire humaniste et le militant marxiste a occupé le fronton, samedi, à l’occasion de cette rencontre-homma
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«Il avait le cœur qui palpitait pour l’Algérie»

Sa ville natale, son obsession romanesque, Constantine, lui devait un hommage à sa hauteur. Noureddine Saâdi, l’écrivain de talent, l’universitaire humaniste et le militant marxiste a occupé le fronton, samedi, à l’occasion de cette rencontre-hommage organisée par la librairie Media-Plus. Ses amis intellectuels, les compagnons de lutte de sa carrière de syndicaliste, sa sœur et ses neveux, et beaucoup l’ayant connu de près ou de loin ou seulement à travers son œuvre, ont répondu présent pour faire de l’espace de la librairie, le temps d’un après-midi, un cercle de bonnes vibrations, où Noureddine était présent. L’écrivain-journaliste Arezki Metrefa a retracé le fil de la bibliographie de Saâdi, pas très prolifique, regrettera-t-il, «bien que l’écriture était devenue fondamentale pour lui». Quatre romans et un recueil de nouvelles pour la littérature, mais à quoi s’ajoutent des essais abordés sans tabous sur les questions de droit (sa spécialité académique) et d’autres de nature biographique, consacrées à des peintres (Korichi) et des chanteurs (Matoub Lounès et Houria Aïchi). «Tous ceux qui l’ont fréquenté savent qu’il était incollable sur presque tout : le droit, la littérature, la peinture, la musique…», dira Metref, en esquissant l’œuvre lumineuse léguée par Saâdi. «On écrit pour dire à des fantômes ce qu’on n’ose pas dire à soi même !», dira-t-il un jour à Hafid Hamdi-Cherif, son ami de longue date. «Des mots que j’ai retrouvés des années plus tard dans Boulevard de l’abîme, et je crois que ces ombres dont il parle incarnent sa ville natale, Constantine», expliquera-t-il. Le témoignage de Hafid Hamdi-Cherif fait ressortir les traits d’un homme qui bouillonnait de l’intérieur, un homme franc et profondément intelligent. L’évolution de leur relation née à la fin des années 1960, à la section UNEA de l’université d’Alger, permet de découvrir des facettes de Saâdi. «J’ai longtemps gardé de lui l’image d’un politicard roublard, à cette époque où le syndicat étudiant était partagé entre deux grands mouvements de la gauche algérienne (le PAGS et ce qu’on appelait “les gauchistes”)», reconnaît Hamdi-Cherif. Une image qui va s’avérer fausse, laissant place à une amitié intellectuelle qui va se construire autour de la musique, précisera-t-il. De l’avis de tous, le respect que témoignait «Nounou» à son prochain et sa grande qualité d’écoute pouvaient abattre les préjugés et les inimitiés, y compris chez ses adversaires. «C’était un garçon d’une grande qualité humaine qui accordait beaucoup de respect à ses interlocuteurs. Quand il nous parlait, on avait l’impression d’être intelligents», souligne Metref, paraphrasant Tahar Djaout au sujet de Mohamed Mameri. Dans son intervention, Ahmed Meliani met en exergue l’homme d’idées et de principe, aux grandes qualités d’orateur. Il évoque ses rencontres avec Saâdi, notamment au colloque sur le thème «Politique et religion», organisé en 1993 par le mouvement Ettahadi, et où Saâdi, parmi d’autres intellectuels de renom, était venu nourrir le débat sur cette problématique lancinante, à un moment où l’Algérie avait besoin de son intelligentsia pour mettre le doigt sur le mal. Mais «il n’était pas prisonnier des structures politiques», précisera Meliani, pour souligner une caractéristique marquante. «C’était un militant communiste sincère, pas sectaire, je l’ai vu indulgent avec d’autres qui ont renié leurs engagements, il avait cette intelligence du cœur qui a fait que Nounou c’est Nounou quoi !» dira à ce sujet Metref. Dans l’assistance, c’est un ancien camarade du PAGS, Mamoun Lakehal-Ayat qui met en lumière Saâdi le militant en brossant le tableau d’un homme engagé, qui a rejoint dès son arrivée à l’université la lutte syndicale, d’abord dans les rangs de l’UNCLA et plus tard l’UNEA et le SNES, qui s’est élevé aussi contre le coup d’État du 19 juin 1965, et qui s’est impliqué dans l’ORP et un peu plus tard dans le PAGS. «Que de combats menés pour la démocratie !» dira Lakehal-Ayat. «Il a quitté l’Algérie parce qu’il était sérieusement menacé», insiste Arezki Metref, s’élevant contre les mauvaises longues. «Il avait le cœur qui palpitait constamment pour l’Algérie. Malgré son exil en France, il était au courant du moindre fait divers, toute sa vie il a appris aux gens à aimer l’Algérie et à se battre pour elle», conclut Metref.

Il était une fois la Révolution

Malek Bensmaïl, cinéaste algérien qui n’est plus à présenter, auteur de documentaires très remarqués, tels que Contre-pouvoirs, La Chine est encore loin, Le Grand jeu, Boudiaf, un espoir assassiné, ou encore Décibled, à présenté, samedi soir
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Il était une fois la Révolution

Malek Bensmaïl, cinéaste algérien qui n’est plus à présenter, auteur de documentaires très remarqués, tels que Contre-pouvoirs, La Chine est encore loin, Le Grand jeu, Boudiaf, un espoir assassiné, ou encore Décibled, à présenté, samedi soir, sa fraîche et émoulue œuvre La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire enfin, chez-lui à Alger. Une avant-première organisée par Hikayet Films, avec le concours du ministère de la Culture et l’Office national de la culture et de l’information (ONCI). En présence d’anciens techniciens de Gillo Pentecorvo, de réalisateurs, de moudjahidate, notamment Djamila Boupacha… Huit mois après sa sortie mondiale, où il a été salué et encensé partout. Grand prix du Festival du cinéma et de l’histoire, Taroudant (Maroc), première mondiale au Festival international du film documentaire d’Amsterdam (Pays-Bas), première arabe aux JCC de Carthage, Tunis (Tunisie), participation au Göteborg International Film Festival (Suède), Its All True, Sao Paulo et Rio de Janeiro (Brésil), Addis-Abeba Film Festival (Ethiopie) ou encore au Encounters South African Documentary Film Festival (Afrique du Sud). Mais la projection de La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire exhalait un parfum nostalgique et une certaine fébrilité dans l’air. Car il portait, non pas sur le «making of», mais sur la genèse du film culte de Gillo Pentecorvo, La Bataille d’Alger (1965). «Ce film est avant tout, plusieurs émotions. Celle de l’enfance. Celle du cinéma. C’est un film qui m’a donné envie de faire du cinéma. Et celle de l’histoire. Le film raconte une histoire réaliste. Et comment il a nourri l’histoire. Un film qui a influencé des forces fascistes et indépendantistes. Il s’agit de rendre hommage à ce grand film et aux acteurs et figurants qui, eux-mêmes, ont été liés à l’histoire. Puisqu’ils ont été torturés et incarcérés par l’armée coloniale française…», présentera Malek Bensmaïl. Cinquante-trois ans après son tournage, Malek Bensmaïl, caméra au poing et à hauteur d’homme, est reparti sur les traces de ce grand film, un incontournable pour les cinéphiles du monde entier. Et presque sacré pour le peuple algérien. Il parle de sa cause, sa révolution, son histoire, son combat contre l’armée coloniale française. Coup de «Massu», les paras marchent sur Alger Et plus précisément, la fameuse et historique «Bataille d’Alger», en 1957, où l’armée française d’alors jouera son va-tout …en guerre. Une sorte de «solution finale», un casus belli déclaré contre une Casbah, résistante, résolue à se sacrifier. Pour démanteler la Zone autonome d’Alger, échappant à son contrôle-structure de l’ALN-FLN durant la Révolution algérienne (1954-1962) créée à l’issue du Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956 et concernant uniquement la capitale-. Alors, le général Massu (Jean Martin) et ses troupes, les belliqueux et impressionnants «paras» (parachutistes), marcheront sur Alger, sur La Casbah. Et puis ces héros, Ali La Pointe, magistralement campé par le regretté Brahim Hadjadj, le Petit Omar, Hassiba Benbouali… La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire de Malek Bensmaïl, une coproduction entre Hikayet Films (Algérie), Ciné+, Histoire, Imago Films et Radio Televione Svizera (Suisse), Al Jazeera(Qatar), Radio-Canada et le ministère de la Culture algérien, retrace l’épopée de «La Bataille d’Alger», fait d’armes historique et film culte de Gillo Pentecorvo. Et ce, à travers une débauche d’archives inédites, témoignages-clés de Gillo Pentecorvo, sa femme, Picci Pentecorvo, Yacef Saâdi ayant incarné son propre rôle — chef de la Zone autonome d’Alger — dans le film La Bataille d’Alger, les historiens Mohamed Harbi et Daho Djerbal, Boudjemaâ Karèche, ancien directeur de la Cinémathèque algérienne, Franco Solinas, le scénariste du film original La Bataille d’Alger… Des éclairages, une narration entre Alger, Rome (Italie), Paris (France), New York et Philadelphie (Etats-Unis). Et où la fiction basée sur des faits réels et l’histoire se confondent. La magie de Malek Bensmaïl opère. Un documentaire très brillant, pour ne pas dire étincelant, de par la qualité de l’image et de la photographie et surtout de la fluidité dans la chronologie. Et puis, l’acteur principal n’est autre que La Casbah filmée sous toutes les coutures. De haut par des drones, dans ses patios et autres pittoresques venelles. De superbes images aériennes. Ce flash-back de Malek Bensmaïl est émaillé d’une foultitude d’anecdotes emplies d’émotion. Comme le tournage de la scène de la guillotine. La traversée du couloir de la mort et l’exécution du révolutionnaire était difficile et terrible. Le grand chanteur de chaâbi, Mohamed El Badji, incarnait son propre rôle de condamné à mort à Serkadji. Tous les techniciens de l’équipe de tournage pleuraient. Ou encore la confusion entre le tournage de La Bataille d’Alger et le coup d’Etat du colonel Houari Boumediène. Certains riverains, découvrant des chars se positionner sur les points névralgiques de la capitale, croyaient toujours au tournage de Gillo Pentecorvo. Le film a nécessité huit mois de repérages et 110 000 m de pellicule. Le film La Bataille d’Alger, récipiendaire du Lion d’or à Venise en 1966, a été censuré en France, a été un modèle anticolonial pour les pays africains et surtout pour les Black Panthers, mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine, montré au Pentagone, recommandé comme manuel sur la guérilla urbaine, notamment au Irak contre les insurgés… Il a même inspiré une… mode. Celle de la l’uniforme «para» serré, près de la peau. Pour la petite histoire, lors de la promotion Battle of Algiers dans le métro new-yorkais, le slogan incitatif disait : «The Black Panthers seen it. Have you ?» (Les Black Panthers l’ont vu. Et vous ?). Une référence au béret et aux lunettes fumées de l’acteur Jean Martin (général Massu). Le total look des Black Panthers. Un documentaire d’excellente facture à voir. Il est programmé à partir du 3 mai à travers les salles de l’ONCI, Alger, Oran, Constantine, Les Issers…

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